Démission de Sébastien Lecornu : retour sur une journée de tempête politique 

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Article rédigé par France 2 - J. Cholin, M. Boissin, M. Gensse, S. Dollé, J. Duboz, M. Petitjean, B. Laigle, F. Goncalves, S. Ripaud. Édité par l'agence 6Medias
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Sébastien Lecornu est devenu, lundi 6 octobre, le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République, avec seulement 27 jours passés à Matignon. Dans la soirée, Emmanuel Macron lui a donné deux jours pour mener d'ultimes négociations. 

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


La voiture de Sébastien Lecornu revient une nouvelle fois à l'Élysée, dans l'après-midi du lundi 6 octobre. Le symbole d'une journée inédite dans l'histoire de la Ve République : un Premier ministre chargé de mener des consultations, alors qu'il a démissionné le matin même. Sept heures plus tôt, Sébastien Lecornu apparaît sur le perron de Matignon et cible la droite. "La composition du gouvernement au sein du socle commun n'a pas été fluide, et a donné lieu au réveil de quelques appétits partisans. Mais il faut toujours préférer son pays à son parti. Il faut savoir écouter ses militants, mais toujours penser aux Françaises et aux Français. Merci à toutes et à tous. Je vous remercie."

Un gouvernement express de 14 heures

Le nouveau gouvernement n'aura duré que 14 heures. Aussitôt, les ministres apprennent la nouvelle. Parmi eux, Gérald Darmanin. Tout juste confirmé au ministère de la Justice, il devait assurer un déplacement en Normandie. Mais à 9h40, le cortège s'arrête net : sur l'aire d'autoroute, l'entourage du ministre découvre sur les téléphones le communiqué de l'Élysée et le déplacement est annulé.

En début d'après-midi, les ministres, déjà démissionnaires, sont convoqués à Matignon. Toutes les passations de pouvoir sont annulées. Ce qui n'empêche pas certains de mettre à jour leurs réseaux sociaux. Roland Lescure s'y affiche nouveau ministre de l'Économie, Bruno Le Maire aux Armées. Reconduite, la ministre de la Transition écologique s'indigne : "Je désespère de ce cirque où chacun joue son rôle, mais où personne ne prend ses responsabilités."

Bruno Retailleau dans le viseur

Dans son viseur, notamment le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, à la tête du parti Les Républicains. Pour lui, la composition du nouveau gouvernement ne reflète pas la rupture promise, comme il l'a tweeté dans la nuit. L'alliance entre les macronistes et la droite vole en éclats.

À l'origine de la rupture, l'entrée surprise au gouvernement de Bruno Le Maire comme ministre des Armées. Transfuge de la droite, passé chez les macronistes et responsable des déficits budgétaires, selon Bruno Retailleau. "Hier, j'ai été reçu pendant une heure et demie par le Premier ministre. Jamais il ne m'a dit, il m'a caché, qu'il y aurait la nomination de Bruno Le Maire. Donc on promet une rupture et on se retrouve avec des chevaux de retour", a commenté ce dernier sur TF1 ce lundi.

En cas d'échec des discussions, Emmanuel Macron "prendra ses responsabilités"

En coulisse, l'entourage du ministre renchérit. "Le Maire, c'est le symbole du décalage total. Le voir revenir en parlant de rupture, c'est la goutte d'eau", aurait glissé Bruno Retailleau à son entourage. Réplique d'un proche de Bruno Le Maire : "Lecornu n'est pas obligé de donner le nom d'un ministre qui relève du domaine présidentiel."

Dans la soirée, Bruno Le Maire annonce finalement avoir proposé de se retirer du gouvernement. Tous les regards se tournent à présent vers Emmanuel Macron, filmé de longues minutes dans la journée, suspendu à son téléphone. Il a donné deux jours à Sébastien Lecornu pour d'ultimes discussions. En cas d'échec, le président assure qu'il prendra ses responsabilités.

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