Démission de Sébastien Lecornu : "Un gouvernement de 14 heures, je n'en connais pas d'autres", analyse un professeur d'histoire politique

Le Premier ministre, nommé il y a moins d'un mois, a finalement démissionné le lendemain de l'annonce de son gouvernement, ce qui en fait le gouvernement le plus court de l'histoire de la République, selon Christian Delporte.

Article rédigé par Joanna Yakin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, le 6 octobre 2025, à Matignon. (STEPHANE MAHE / POOL)
Le Premier ministre démissionnaire, Sébastien Lecornu, le 6 octobre 2025, à Matignon. (STEPHANE MAHE / POOL)

Une question d'heures.... De la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024 jusqu'à la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu, quelques heures après l'annonce de son gouvernement, la France aura connu en l'espace de seize mois une succession d'inédits politiques. Nommé le 9 septembre, Sébastien Lecornu avait mis un mois pour former son gouvernement, qui n'aura donc vécu l'espace d'une petite quinzaine d'heures. 

Les noms ont en effet été révélés dimanche 5 octobre vers 19h30, mais dès le lendemain matin, peu après 9h30, le Premier ministre a finalement annoncé avoir remis sa démissionà  Emmanuel Macron qui l'a acceptée. Christian Delporte, professeur spécialiste d'histoire politique, décrit un fait "complètement inédit" dans l'histoire de la République.

franceinfo : Peut-on dire que le gouvernement de Sébastien Lecornu est le plus court de la Ve République ?

Christian Delporte : Oui, un gouvernement de 14 heures, je n'en connais pas d'autres ! Le seul précédent, ce n'était pas sous la Ve République, c'était en 1924. C'était le gouvernement de Frédéric François-Marsal qui avait duré 24 heures, mais il avait été renversé. Il s'était présenté devant le Parlement, n'avait pas de majorité et cela avait duré moins d'une journée... Là, c'est complètement inédit, il ne se présente même pas devant l'Assemblée. Ça n'existe pas. 

Peut-on faire des parallèles avec la IIIe République, réputée pour son instabilité ?

Je n'aime pas trop les parallèles avec la IIIe République, parce qu'en réalité; on trouvait toujours des majorités. Ce qui rendait les choses instables, c'est qu'un parti qui appuyait un président du Conseil, décidait au bout de quelque temps de ne plus l'appuyer. Là, on n'est pas dans cette configuration-là. Quelqu'un comme Bruno Retailleau qui est nommé et qui menace de démissionner d'un gouvernement qui vient juste d'être formé, ça ne s'est jamais vu. Normalement, cela fait partie des discussions préliminaires. C'est fabuleux ! 

Comment analysez-vous cela ? 

Ce qui pourrit la vie politique française, ce sont les présidentielles. Chacun veut préserver son image pour la présidentielle. Tout le monde a à parier sur l'échec. Sébastien Lecornu a fait les fonds de tiroirs avec ceux qui voulaient bien venir, donc c'est une sorte de longue agonie qui ne peut que se terminer que par une dissolution. Un président, c'est indéboulonnable : s'il ne veut pas partir, il ne partira pas. Il peut essayer de jouer la montre, mais son arme, avant de démissionner, est la dissolution et une éventuelle cohabitation. Une cohabitation est toujours quelque chose de positif pour un président de la République, on l'a vu avec Mitterrand et Chirac, cela leur permet de se refaire une virginité.

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