Sébastien Lecornu nommé Premier ministre : "C'est surtout le premier et dernier soldat de la macronie", réagit Sébastien Chenu, vice-président du RN

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6Medias
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Invité des "4 Vérités" au lendemain de la nomination de Sébastien Lecornu comme Premier ministre, Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, s'interroge mercredi 10 septembre sur la politique que mènera le fidèle parmi les fidèles d'Emmanuel Macron.

Contre toute attente, Emmanuel Macron a nommé son nouveau Premier ministre dès mardi soir, portant son choix sur Sébastien Lecornu, ministre des Armées depuis 2022, qui a figuré dans tous les gouvernements macronistes depuis 2017. Un homme de droite, attaché à l'ordre, qui pourrait empêcher une censure du Rassemblement national ? Interrogé par Gilles Bornstein mercredi 10 septembre dans les "4V", Sébastien Chenu, vice-président du RN et député du Nord, reconnaît que pour lui "l'homme est courtois", mais attend de "le voir à l'œuvre".

Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Gilles Bornstein : Sébastien Lecornu est donc Premier ministre. C'est un homme de droite, attaché à la ruralité, élu d'un département populaire [l'Eure], assez souverainiste, attaché à l'ordre, à l'indépendance de la France. Ce n'est pas un profil vraiment repoussoir pour vous ?

Sébastien Chenu : C'est sûr que présenté comme ça, on aurait presque l'impression qu'il pourrait être acceptable, mais c'est surtout le premier et dernier soldat de la macronie. C'est celui qui est ministre depuis l'élection d'Emmanuel Macron sans discontinuer, celui qui a validé, porté, défendu toutes les politiques macronistes et, en cela, il est le dernier avatar du macronisme. Il est la dernière cartouche que tire Emmanuel Macron, avec un côté un peu narcissique du président, dont on dit qu'il nomme son fils spirituel en politique, ce qui évidemment ne nous place pas dans de bonnes conditions pour l'accueillir.

À travers lui, vous critiquez Emmanuel Macron, mais vous avez du mal à le critiquer lui-même, Sébastien Lecornu, à ce stade ?

Non, je viens de vous dire qu'il a validé toutes les politiques macronistes. Donc il ne s'agit pas de juger l'homme. L'homme est courtois, l'homme a présenté un budget pour la défense que nous avons voté parce qu'il était en augmentation. Mais une fois qu'on a dit cela, quelles sont les politiques ? Est-ce que Sébastien Lecornu va rompre avec le macronisme – ce serait assez surprenant – ou est-ce qu'il va continuer à défendre la politique, la philosophie et l'héritage de Monsieur Macron ?

Vous l'avez dit vous-même, vous avez voté la loi de programmation militaire, ça veut dire qu'il est capable de trouver des voies de passage, des voies de négociation pour aboutir à un certain consensus.

Oui, ce n'était pas non plus le plus difficile. La loi de programmation militaire, il y avait un effort sur la défense, effort que nous demandons avec Marine Le Pen depuis longtemps. Donc, évidemment, il a pu obtenir le soutien du Rassemblement national sur ce point très précis. Le problème, c'est que va faire Sébastien Lecornu sur le Mercosur, que va faire Sébastien Lecornu sur le dossier de l'immigration qui n'a jamais été ouvert ni par Bruno Retailleau, homme de droite soi-disant, ni par aucun gouvernement macroniste ? Que va-t-il faire sur la dépense toxique de l'État, sur la contribution à l'Union européenne ? Là, ça va être intéressant de le voir à l'œuvre.

Vous allez le censurer tout de suite ou vous allez laisser sa chance au produit, selon l'expression consacrée ?

On va l'entendre, on va l'écouter. Ça, c'est bien la moindre des choses et c'est toujours ce que nous avons fait. Nous, on n'a pas une espèce de réflexe pavlovien comme l'extrême gauche. On pense à l'intérêt du pays, on va écouter ce que Sébastien Lecornu a à proposer, sans beaucoup d'illusions toutefois. Nous, je vous les ai rappelées, nos priorités, que ce soit sur l'immigration, l'Union européenne, la dépense toxique, elles sont claires, elles sont affichées et on va voir si Sébastien Lecornu fait un virage à 180 degrés, ce sera intéressant. En est-il capable ?

Sur un point précis qui est la taxation des riches, le patrimoine, le revenu, vous appelez ça comme vous voulez, on sent que pour avoir l'indulgence du Parti socialiste, il devra faire un geste là-dessus. Vous qui dites défendre les classes populaires et les classes moyennes, est-ce que vous accepteriez une taxation accrue des très hauts patrimoines, par exemple ?

Nous, on a d'autres propositions en matière de fiscalité. Des taxations sur les rachats d'actions, un autre impôt que celui que vous connaissez actuellement sur la fortune immobilière. On considère qu'il ne faut pas taxer l'immobilier et les biens que possèdent les Français, et notamment leur capacité à les transmettre, mais plutôt taxer l'argent qui dort. Donc, on a une autre proposition en matière fiscale que la taxe Zucman, qui ne rapporterait pas autant que ça, ou que l'impôt sur la fortune.

Donc, vous vous opposeriez à une taxation accrue sur les très gros patrimoines ?

Non, mais nous avons une autre proposition. Ce n'est pas sur les patrimoines. Donc, on ne suivra pas ça, effectivement. Mais on fera d'autres propositions pour mettre à contribution notamment les entreprises qui ont fait des superdividendes. On a aussi une proposition de taxation sur les superdividendes, parce qu'on pense que lorsqu'on a fait beaucoup d'argent et qu'on est un grand groupe, on doit participer à l'effort général.

Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.

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