Justice fiscale : "Aujourd’hui, c’est un combat fiscal entre la démocratie et l’oligarchie", affirme François Ruffin, député (Debout !) de la Somme.
François Ruffin, député (Debout !) de la Somme, était l’invité des "4 Vérités" mardi 1er octobre. Il revient notamment sur la mobilisation des Français dans la rue et sur la question de la justice fiscale.
Invité des "4 Vérités" sur France 2, François Ruffin, député (Debout !) de la Somme, est revenu sur la mobilisation des Français dans la rue et la question de la justice fiscale. Il a également évoqué les moyens de taxation des ultra-riches et la nécessité de rééquilibrer le système fiscal.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Gilles Bornstein : La dernière journée d’action a été un succès, sans toutefois constituer un raz-de-marée ni impressionner particulièrement le gouvernement. La question se pose donc : le 2 octobre, incite-t-on les salariés à perdre une journée de salaire pour un gain finalement assez incertain ?
François Ruffin : Aujourd’hui, ce que les gens expriment dans la rue, c’est qu’ils refusent de continuer à payer. Nous avons déjà donné deux années pour la retraite, nous avons vu nos salaires gelés, et il n’est plus question que ce soit à nous de régler la note. Plus largement, la fête de l’oligarchie est terminée. Les 500 plus grandes fortunes, dont le patrimoine a été multiplié par quatorze alors que le SMIC n’a pas doublé en trente ans, ne peuvent plus continuer ainsi. Bernard Arnault, qui touche trois milliards de dividendes sans payer un euro d’impôt, c’est fini. De manière générale, les milliardaires qui sont deux fois moins imposés que leurs secrétaires ou que les infirmières, c’est terminé.
Aujourd’hui, c’est un combat fiscal qui oppose la démocratie à l’oligarchie : le peuple, qui réclame justice fiscale, contre quelques ultra-riches qui cherchent à continuer d’échapper à l’impôt. Et je pense que le 2 octobre, les Français et Françaises qui se déplaceront dans la rue en manifesteront le ras-le-bol. Déjà, le simple fait que des manifestations aient lieu, malgré l’absence de budget, de réforme ou même de gouvernement, montre bien que la patience des citoyens a des limites.
Gilles Bornstein : Le Premier ministre a récemment reconnu la nécessité d’un effort de justice fiscale, sans préciser encore les mesures envisagées. La question se pose donc : pour François Ruffin, la taxe Zucman est-elle incontournable ?
François Ruffin : La taxe Zucman est un bon outil, mais je demande au Premier ministre une obligation de résultat, non pas simplement de moyens. Il faut trouver 15 à 20 milliards d’euros sur les milliardaires du pays : une somme dérisoire pour eux. Lors de la crise du Covid, les 500 plus grandes fortunes ont vu leur patrimoine augmenter de 236 milliards d’euros en un an, alors que l’économie était à l’arrêt, que les Français étaient confinés et que celles et ceux qui maintiennent le pays debout : infirmières, aides à domicile, caissières, ne sont pas récompensés. Les milliards vont aux ultra-riches. Il y a donc clairement 15 à 20 milliards à récupérer chaque année sur les plus grandes fortunes, par la taxe Zucman, le retour de l’impôt de solidarité sur la fortune, la suppression des sociétés écran, le relèvement des dividendes ou la taxation des grandes transmissions. Plusieurs solutions sont possibles.
Gilles Bornstein : Le relèvement de la flat tax (prélèvement forfaitaire unique), actuellement à 30 %, pour atteindre 33, 34 ou 35 %, est-il suffisant ?
François Ruffin : C’est un moyen parmi d’autres. Cela s’ajoute à l’imposition du patrimoine, à la taxation des grandes transmissions et à la suppression des sociétés écran.
Gilles Bornstein : Et qu’en est-il des niches fiscales, qui profitent plutôt aux ménages qu’aux grandes fortunes ?
François Ruffin : Les 15 à 20 milliards à récupérer concernent exclusivement les ultra-riches, soit les 0,01 % les plus riches, les 1 600 foyers dont le patrimoine a explosé ces dernières années. Ces foyers bénéficient d’une double injustice : non seulement ils accumulent un patrimoine immense, mais ils sont deux fois moins imposés que ceux qui travaillent, comme les éboueurs, et bien moins que Bernard Arnault. La Déclaration des droits de l’homme et du citoyen stipule que chacun doit contribuer selon ses facultés. Or aujourd’hui, c’est exactement l’inverse : les impôts sont proportionnellement plus lourds pour ceux qui ont moins. 80 % des Français réclament un rééquilibrage fiscal, et même le FMI souligne la nécessité de corriger cette injustice.
Gilles Bornstein : Si l’on ne parvient pas à atteindre ces 15 milliards, la discussion est-elle close ?
François Ruffin : J’espère toujours un miracle, même au moment où Sébastien Lecornu prend la parole à l’Assemblée nationale pour présenter son discours de politique générale. Peut-être qu’alors, les petits paieront petit et les gros paieront gros. Mais pour l’instant, malgré les déclarations sur la justice fiscale, la concertation et la rupture, la réalité reste celle de la continuité du gouvernement Macron : la taxe Zucman est écartée, le retour de l’impôt de solidarité sur la fortune est exclu, l’abrogation de la retraite à 64 ans n’est pas envisagée, même temporairement. Pour l’instant, il n’y a pas de rupture. Mais je garde confiance en l’humanité : si un miracle survient, je serai le premier à applaudir à l’Assemblée.
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Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
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