: Vidéo "J'aurais tellement aimé avoir écrit ces mots" : Robert Badinter contre la peine de mort, un discours qui a changé des vies
Un an et demi après sa disparition, Robert Badinter est panthéonisé jeudi. Avocat, garde des Sceaux et président du Conseil constitutionnel, il a eu une carrière immense. France Télévisions a rencontré des personnalités présentes le 17 septembre 1981, alors qu'il prononçait son célèbre plaidoyer.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
17 septembre 1981 : quand il monte à la tribune, Robert Badinter sait qu'il va rencontrer l'histoire. "J'ai l'honneur, au nom du gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France", lance-t-il. Trois témoins racontent. "Comment, quand on veut devenir avocat et qu'on a 20 ans, pourrait-on ne pas se souvenir de ça ?", demande Éric Dupond-Moretti, ancien avocat, ancien garde des Sceaux. "Là, on est pris dans la magie des mots. On participe à un moment historique", ajoute Claude Bartolone, ancien député.
Ce discours, François Binet, ancien collaborateur et ami de Robert Badinter, l'a vécu au plus près. Ce jour-là, il l'accompagne. Au côté d'Élisabeth Badinter, il assiste en tribune à ce qu'il nomme "la plaidoirie" en faveur de l'abolition de la peine de mort. "C'est un avocat qui se lève et je retrouve là, avec un bonheur que vous ne pouvez pas imaginer, les tons d'avocat des grandes plaidoiries de Robert Badinter. Il n'est plus le ministre, il est avant tout un avocat", commente François Binet.
Claude Bartolone, lui aussi, était là, tout jeune député socialiste en 1981. "Ça, c'est moi, montre-t-il sur une photo. Vous voyez, on était vraiment envoyés en haut, les petits jeunes." 44 ans plus tard, il reste porté par le souffle du moment. "Ça, c'est trop fort : 'Je sais qu'il n'y a pas dans la peine de mort de valeur dissuasive.' Sa voix résonne, son argument s'installe à nouveau dans ma tête et dans mon cœur. Cette phrase-là, ce moment de son discours, je ne l'oublierai jamais", assure-t-il.
"Tout jeune avocat devrait regarder ce discours"
Éric Dupont-Moretti a 20 ans. Il s'apprête à devenir avocat par détestation de la peine de mort : "Tout jeune avocat devrait regarder ce discours. C'est un bel exemple." Lui se souvient de la rue, opposée à l'abolition, et des adversaires qui accusent Robert Badinter de défendre les assassins. "Je préfère rester un Français de l'ombre plutôt que d'être un criminel célèbre", disait l'avocat. "On passe de la barbarie à la civilisation, et ça se fait dans la douleur. Souvenez-vous que, place Vendôme, des policiers et Mr. Jean-Marie Le Pen manifestaient en criant 'Badinter assassin !'", rappelle Éric Dupont-Moretti.
Mais dans l'hémicycle, le ministre domine l'Assemblée : "Jaurès, à cet instant-là, je le salue en votre nom à tous." "Ils ont senti qu'ils avaient en face d'eux un lion, qu'il allait être difficile de le faire taire", estime François Binet. "Il n'y avait pas de match. Il y avait celui qui jouait en première division et ceux qui étaient dans la catégorie des amateurs", abonde Claude Bartolone. Éric Dupont-Moretti ajoute : "J'aurais tellement aimé avoir écrit ces mots. J'aurais tellement aimé les avoir prononcés."
"La justice française ne sera plus une justice qui tue"
Après deux jours de débats passionnés, les députés votent la fin de la peine de mort. Pour : 363, contre : 117. La France est alors l'un des derniers pays d'Europe à abolir la peine capitale. "La justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, c'est l'abolition. De tout mon cœur, je vous remercie", concluait Robert Badinter.
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