Robert Badinter au Panthéon : "Il avait un véritable courage politique" évoque son ancien collaborateur Jean-Marc Sauvé
L'artisan de l'abolition de la peine de mort Robert Badinter entre au Panthéon jeudi 9 octobre. Jean-Marc Sauvé, ancien collaborateur du Ministre de la Justice, se remémore un homme courageux et inspirant.
Il était présent, à l'Assemblée, le 17 septembre 1981. Jean-Marc Sauvé, vice-président honoraire du Conseil d’État et ancien collaborateur de Robert Badinter, revient jeudi 9 octobre sur la panthéonisation de l'ancien Ministre de la Justice, fidèle opposant à la peine de mort.
"C'est l'hommage qui est rendu à un homme de justice et de raison, à un grand républicain, à une conscience de la République", salue sur franceinfo Jean-Marc Sauvé. Il a rendu hommage à un "travailleur acharné" doté d'un "réel courage personnel, politique" et d'une "vision de la justice".
"Il n'y a jamais eu, chez Robert Badinter, la moindre complaisance à l'égard des criminels", tranche Jean-Marc Sauvé, qui a participé, comme collaborateur, au combat de l'ex-garde des Sceaux pour l'abolition de la peine de mort. "Robert Badinter voulait que la justice soit faite. Une justice indépendante et impartiale, qui ne soit pas le lieu de la passion et du règlement de comptes. Son combat contre la peine de mort est pour une justice humaine. C'est un combat de principe", estime-t-il.
La recherche perpétuelle d'une peine proportionnée
Aujourd'hui encore, l'opinion publique française reste divisée sur la question de la peine de mort, avec une augmentation ces quinze dernières années, de la part des Français favorables à la peine de mort. La plupart des études montrent que près d'un Français sur deux souhaite son rétablissement.
"On n'a jamais pu établir, dans aucun pays, un lien entre la peine de mort et la réduction de la criminalité sanglante", rappelle Jean-Marc Sauvé. "Le choix qui doit être fait, c'est donc fondamentalement un choix éthique, politique : est-ce qu'on est pour ou contre une justice qui tue ?".
Robert Badinter "tenait à ce qu'il y ait un châtiment, qu'il y ait une peine, mais une peine juste et proportionnée", et qu'on se préoccupe "de l'après, de la réinsertion", rappelle l'ancien collaborateur. Cette entrée au Panthéon est "l'hommage qui est rendu à un homme de justice et de raison, à un grand républicain et à une conscience de la République qui a fait voter des grandes lois, mais qui s'est occupé de choses extrêmement concrètes", comme "les droits des victimes, les conditions de vie des détenus, mais aussi les conditions de travail et de rémunération des personnels, les alternatives à la détention", énumère-t-il.
"L'aboutissement de deux décennies de combat"
Jean-Marc Sauvé, ancien collaborateur de Robert Badinter
Après son discours historique devant l'Assemblée nationale, le 17 septembre 1981, Robert Badinter a "subi des attaques vraiment ignominieuses", témoigne Jean-Marc Sauvé. "On a voulu en faire l'ami des assassins, celui qui voulait créer des prisons quatre étoiles. Il a vraiment été haï, vilipendé, avec des argumentations qui révélaient un antisémitisme profond".
Un attachement fort à la France, "patrie des Droits de l'Homme"
De ses années passées au côté de Robert Badinter, Jean-Marc Sauvé garde le souvenir d'un "travailleur qui nous inspirait", car "il avait un réel courage personnel, politique, il avait une vision de la justice et nous étions très fiers de travailler avec lui". "Même avec des personnes très jeunes, il aimait échanger, débattre, discuter", se souvient celui qui a commencé à travailler avec lui à 32 ans.
Cet hommage de la nation à Robert Badinter a un sens particulier dans le destin personnel et familial de celui qui a dédié son ouvrage Libres et égaux à "son père", qui fut déporté et qui est mort au centre d'extermination de Sobibór. "Son père est venu en France parce qu'elle était la patrie des Droits de l'Homme. Il y a un attachement extrêmement profond chez Robert Badinter, et dans sa famille, à notre pays", avance finalement Jean-Marc Sauvé.
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