: Entretien "La taxe Zucman, ce n'est pas mon truc", assure la présidente de l'Assemblée nationale, au sujet d'une taxe sur les hauts revenus
Invitée du "20 Heures" de France 2, jeudi, Yaël Braun-Pivet est revenue sur les premières annonces de Sébastien Lecornu sur le budget 2026, et sur les requêtes de la gauche et des Républicains à l'égard de l'exécutif.
Les premières annonces de Sébastien Lecornu sur le budget 2026 sont tombées. Après une deuxième journée de mobilisation à l'appel des syndicats, jeudi 2 octobre, Léa Salamé a reçu sur le plateau du "20 Heures" le quatrième personnage de l'État, Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Léa Salamé : Elargir la prime Macron, les heures supplémentaires défiscalisées, annoncer des baisses d'impôts qui toucheront cinq millions de foyers... C'est ça, la grande rupture promise par Sébastien Lecornu ?
Yaël Braun-Pivet : Ce qui est sûr, c'est qu'on a un Premier ministre qui est à l'écoute, à l'écoute de ce qui se passe dans le pays, à l'écoute des revendications des Français, des manifestants, puisque aujourd'hui nous avions une deuxième journée de mobilisation. Il faut que le travail paie mieux, il faut soutenir les personnes méritantes qui se lèvent tôt le matin et qui vont bosser. Et donc là, nous avons des annonces qui, effectivement, sont destinées à ces catégories-là et je pense que c'est un bon signal qu'il envoie, oui.
Mais ce n'est pas ce qu'attendait le Parti socialiste. Et on sait que le PS a une partie des clés de l'avenir de Sébastien Lecornu dans ses mains. Les socialistes disent que le compte n'y est pas. Ils ne cessent de répéter "justice fiscale, justice fiscale". Donc, la taxe Zucman, c'est non. Le retour de l'ISF, c'est non. Si vous étiez à la place de Sébastien Lecornu, que lâcheriez-vous au PS pour ne pas être censurée, tout simplement ?
Justice fiscale, ils ont raison. On a besoin de savoir, et nos compatriotes ont besoin de savoir, que l'effort est justement réparti, qu'il est partagé, que c'est équitable et que ça sert à quelque chose. Ça doit être vraiment ce qui doit nous guider dans ce budget. Maintenant, nous en sommes au début des discussions et moi, ce que j'apprécie aussi dans les paroles du Premier ministre, c'est qu'il dit qu'il va laisser le débat parlementaire se faire. Je suis présidente de l'Assemblée nationale, le budget, c'est quasiment trois mois de discussions à l'Assemblée et au Sénat et il faut que ces discussions servent à quelque chose. Donc, nous avons des points de départ, des ambitions, un cap, et maintenant, il faut aussi laisser la discussion parlementaire se faire.
Mais vous n'avez pas la majorité, vous avez un Parti socialiste qui dit : "Nous, on veut des garanties, ou on censure."
Je pense que nous devons être tous à l'écoute du Parlement. Justement, comme nous n'avons pas de majorité, le débat parlementaire reprend tout son sens. Il n'y a pas un bloc qui peut imposer une solution à un autre bloc. Donc, il va falloir que nous, parlementaires, allions au compromis, au sein de l'Assemblée nationale. C'est tout l'intérêt de la séquence. Et nous ne pouvons pas nous dire qu'on va censurer avant le débat parlementaire. Ça signifie autrement que nous ne croyons pas en la démocratie, que nous ne croyons pas dans le débat et que nous sommes dans une logique "c'est à prendre ou à laisser". Ce serait dommage pour l'Assemblée nationale et l'idée qu'on s'en fait.
Vous, si vous étiez à Matignon aujourd'hui, vous feriez quoi concernant la taxe Zucman ?
La taxe Zucman, ce n'est pas mon truc, parce qu'on voit bien qu'elle ne rapporterait pas forcément ce qu'on attend d'elle et elle pourrait avoir des effets de bord qui ne sont pas très intéressants. Donc il faut faire attention, mais il faut discuter pour effectivement avoir une taxation des hauts patrimoines, une taxation des hauts revenus. Je vous parlais d'un effort partagé, c'est essentiel parce qu'autrement, ça ne marchera pas. Mais le bon dispositif, il faut que nous le trouvions ensemble. Ce n'est pas ça ou rien, trouvons-le ensemble, soyons imaginatifs, soyons créatifs, mais essayons d'avoir un budget qui soit intéressant pour l'ensemble des Français et qui nous permette aussi d'assurer cette stabilité à laquelle les Français aspirent.
Pour l'instant, il n'y a pas de budget, pas de gouvernement non plus. Il y a juste un Premier ministre, Sébastien Lecornu. Trois semaines sans gouvernement, c'est un record. Et ce soir, Bruno Retailleau met la pression en disant qu'à ce stade, la participation de la droite LR au gouvernement n'est pas du tout acquise. Vous lui dites quoi ?
Moi, j'ai toujours dit qu'il fallait, avant de dire "qui", dire "quoi". Pourquoi faire un gouvernement ? Pourquoi faire un budget ? Quel était le cap que nous voulions avoir ? C'est l'objet de ces trois semaines qui ont permis de discuter avec les forces politiques et les forces syndicales, et les forces présentes au Parlement. Et moi, j'ai vu le Premier ministre récemment avec le président du Sénat. Donc ce dialogue-là, il est fondamental.
Et vous lui dîtes quoi à Sébastien Lecornu ?
Vous savez, à l'Assemblée nationale, j'ai réuni l'ensemble des présidents du socle commun et nous avons réussi à renouveler ensemble les instances de l'Assemblée nationale. Donc, le socle commun, moi je le vois, il marche bien et les Républicains aujourd'hui font partie de ce socle. J'espère qu'il y aura de la cohérence et qu'ils en feront partie au sein du gouvernement.
L'élection des bureaux et des présidents de commission de l'Assemblée nationale qui avait lieu aujourd'hui et hier, a été marquée par le retour du RN, qui décroche deux vice-présidences. Ce qui irrite la gauche, qui vous accuse d'avoir passé un deal avec le Rassemblement national, qu'en fait, le front républicain, c'est quand ça vous arrange...
C'est un contresens absolu, en fait. Nous, au bureau et à l'Assemblée nationale, nous voulons le respect des règles et la juste représentation des partis qui sont à l'Assemblée et qui ont été élus par les Français. Donc, nous sommes dans un fonctionnement institutionnel où chacun doit trouver sa place. Nous ne sommes pas dans la question du front républicain. Moi, je combats les extrêmes. J'ai toujours été sur la position que je veux que tout le monde soit représenté.
Je ne fais pas le tri à l'Assemblée nationale entre les députés. Je n'ai jamais varié, mais ça n'a rien à voir avec le front républicain. Il ne faut pas confondre les deux. L'Assemblée nationale, c'est le cœur battant de notre démocratie et nous devons y respecter les règles du pluralisme. C'est ce que nous avons fait, et je crois que c'est bon dans l'intérêt des Français. Maintenant, je suis à la tête d'une Assemblée nationale en ordre de marche, nous sommes prêts, nous attendons un gouvernement, nous attendons la déclaration de politique générale et j'attends la déclaration de politique générale du Premier ministre. Nous attendons la copie budgétaire pour pouvoir enfin la délivrer à l'Assemblée.
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