Taxe Zucman : "Je suis prêt à réaliser 100 milliards d'économies si vous les prenez sur des gens qui peuvent le supporter", explique Olivier Faure

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Article rédigé par France 2 - Édité par l'agence 6médias
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Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, était l'invité des "4 Vérités", lundi 15 septembre 2025.

Les représentants du Parti socialiste (PS), dont son premier secrétaire, Olivier Faure, ont rendez-vous mercredi 17 septembre avec le nouveau Premier ministre, Sébastien Lecornu. Une rencontre qui s'inscrit dans la démarche de ce dernier de s'entretenir avec les principales formations politiques, ainsi qu'avec les syndicats. Olivier Faure était l'invité des "4 Vérités", le 15 septembre pour aborder ce sujet, entre autres, au micro de Gilles Bornstein.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Dans le camp de la majorité, on entend de façon récurrente que c'est avec la gauche et le PS que les négociations doivent avoir lieu. Est-ce que c'est un bon point ?

Olivier Faure : Ce sont des mots pour l'instant, et donc on verra bien ce qu'il se passe. Des mots qui sonnent à nos oreilles peut-être, mais enfin la réalité est que pour l'instant, nous n'avons encore rien vu et donc j'attends de savoir. Vous savez, Pierre Mendès France (ancien Premier ministre français, NDLR) disait : gouverner, c'est choisir. Demain, il aura donc à choisir entre ce que lui disent les républicains, ce que lui dit le patronat avec le MEDEF, et ce que nous disons. C'est-à-dire qu'il faut de la justice sociale, de la justice fiscale, il faut engager la transition écologique, il faut faire en sorte que ceux qui vivent mal puissent vivre mieux et pour l'instant nous en sommes loin.

Faut-il taxer davantage les riches ? Le ministre de l'Économie, Éric Lombard a annoncé samedi soir être d'accord sur cette taxation, du moment qu'elle ne touche pas au patrimoine professionnel. Est-ce que c'est un marché qui pourrait vous convenir ?

Non, parce que quand vous parlez de patrimoine professionnel, vous pensez à la machine-outil, vous pensez au tracteur, vous pensez au métier à tisser. Or, il n'est pas question de cela. Ici on parle d'actions, en réalité. La fortune des ultrariches, elle est essentiellement en actions. Si on retire ce qui est l'essentiel de la richesse de la base imposable, en réalité, vous n'avez rien à imposer. Et c'est d'ailleurs tout le problème. Jusqu'ici, nous avions l'impôt sur la fortune, sur les grandes fortunes, qui a été supprimé par le gouvernement Macron, et qui rapportait trop peu. Il touchait les "petits riches", et il épargnait les ultrariches. Ces derniers placent leurs agents dans des holdings, et donc en réalité, ils ne paient pas d'impôts sur ce qu'ils touchent.

Une affaire de patriotisme fiscal

Donc, pas d'accord si le mécanisme sur la fiscalité des plus favorisés ne comprend pas les actions et l'outil professionnel ?

C'est toute la vertu de la taxe Zuckman dont on parle beaucoup. Parce qu'elle permet justement de dire : "Vous avez un patrimoine qui a plus de 100 millions d'euros, vous devez payer et c'est une taxe différentielle". C'est-à-dire qu'en réalité, si vous avez déjà payé les impôts par ailleurs qui vous permettent d'arriver à 2 % de votre patrimoine, vous ne payez rien de plus. Mais ça suppose quand même que, effectivement, des gens qui ont d'immenses fortunes puissent contribuer. C'est ça aussi le patriotisme dans un pays qui se réclame de la solidarité, du patriotisme fiscal.

Parlons du montant de l'effort de réduction du déficit. Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, appelle le Premier ministre à renoncer aux 44 milliards d'euros que voulait faire François Bayrou. Elle propose un plan à 35-36 milliards d'euros. C'est 10 milliards d'économies en moins, donc à la fin 10 milliards qui ne seront pas enlevés de la poche des Français. Est-ce que vous prenez 35 milliards d'euros ?

Je ne sais pas ce que ça signifie 35 milliards, ça dépend sur qui on les prend. Si on les prend sur les services publics, sur l'hôpital, sur l'éducation, si on les prend sur les retraités, sur les malades, si on augmente les franchises, si on dérembourse les médicaments, ça ne me va pas. Mais en revanche, si on dit qu'il y a un moyen de les prendre sur les ultrariches d'une part, sur les multinationales qui optimisent brutalement, sur les GAFAM, sur ces exonérations de cotisations qui ont coûté tant à l'État, alors oui effectivement, il y a peut-être une possibilité d'y aller.

Mais moi je suis prêt à réaliser 100 milliards d'économies si vous les prenez sur des gens qui peuvent le supporter. Ce que je ne veux pas, c'est que les Français de la classe moyenne, des classes populaires, se retrouvent demain à payer une facture d'une dette dont ils ne sont pas responsables. Pourquoi est-ce qu'il y a une dette aujourd'hui ? Parce qu'on a privé l'État de recettes.

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