Référendum en Nouvelle-Calédonie : des jeunes partagés entre le "grand frère" français et l'envie de "se libérer de la tutelle"
Alors que la Nouvelle-Calédonie vote dimanche dans le cadre du troisième référendum sur l'indépendance, les jeunes sont divisés entre leur histoire kanak et l'envie d'un avenir français.
"Il y a du vent, on peut faire du kite-surf et du foil !", se réjouit Pierre-Julien depuis l'anse Vata à Nouméa, au sud de la Nouvelle-Calédonie. Au loin, les ailes gonflables guidées par les surfeurs ressemblent à des papillons multicolores, quand on les regarde depuis cette plage emblématique de Nouméa. Pierre-Julien est enseignant à Bourail, une commune située dans le centre de l'île. Lui et les 271 000 autres habitants de l'archipel océanique vont devoir se prononcer dimanche 12 décembre "pour" ou "contre" l'indépendance, trente-trois ans après les accords de Matignon signés sous l'égide de Michel Rocard.
Or, en Nouvelle-Calédonie, la moitié de la population a moins de 30 ans et n'a donc connu que la période suivant ces accords. Ces jeunes ont entre leurs mains l'avenir du territoire, pour le troisième et dernier vote de ce processus de décolonisation. Dans la commune de Bourail, le non l'indépendance est largement arrivé en tête lors des deux précédents référendums. La France, "c'est un grand frère, une mère", estime Pierre-Julien, pour qui la Nouvelle-Calédonie a besoin de la France. "On marche sur des briques qui ont probablement été payées par la France", justifie-t-il. S'il votera pour rester dans le giron de Paris, c'est pour "le pouvoir d'achat, la monnaie, être en sécurité... En résumé, avoir un système qui fonctionne pour tout le monde."
Entre envie de liberté et besoin de renouvellement
L'indépendance est, au contraire, la seule option selon Gaston, originaire de Maré, une des îles calédoniennes. "Tant qu'un Kanak sera là, on continuera à vous emmerder jusqu'à la fin des temps", assure cet auxiliaire de vie de 23 ans. Lui ne pense pas que la France aide l'archipel : "La richesse de notre pays, c'est la France qui en profite. Ici, les SDF sont des Kanak, pas des gens de métropole." Gaston ira voter, malgré l’appel à la non-participation des indépendantistes car la Nouvelle-Calédonie doit selon lui "se libérer de la tutelle française". Et il prévient : si l'indépendance n'arrive pas en tête des votes, "ça risque de chauffer".
Un éducateur de la banlieue de Nouméa - qui tient à rester anonyme - dit voir beaucoup de jeunes désabusés, en désaccord avec la ligne des partis politiques indépendantistes. "Il y a une nouvelle génération qui en a un peu marre de voir les instances politiques tenues par les mêmes visages depuis plus de trente ans. On aimerait avoir du renouvellement", témoigne -t-il. Il ira lui aussi glisser un bulletin en faveur de l'indépendance. "C'est surtout pour moi l'espoir de créer une société à notre image avec 'l'océanité', c'est-à-dire une façon de penser à la fois occidentale mais 'à l'océanienne'. On veut créer quelque chose qui nous ressemble."
Des jeunes en pleine ambivalence
Frédérique, Patricia et Luna, trois copines âgées d'une vingtaine d'années, se retrouvent dans cet entre-deux culturel. Elles habitent à Saint-Louis, une tribu kanak aux portes de Nouméa. Patricia est pour l'indépendance mais n’ira pas voter, comme le demandent les indépendantistes, à cause de la crise sanitaire et des morts du Covid-19. "Il faut laisser aux Calédoniens le temps de faire leur deuil", juge-t-elle.
Luna, elle, est contre l'indépendance mais elle ne l'affirme pas trop fort, pour "ne pas manquer de respect" aux anciens de la tribu. "Les vieux ne pensent qu'à eux, s'agace-t-elle. S'ils sont à la tête de la Nouvelle-Calédonie, que vont-ils faire de plus que la France ?" Cette ambivalence résume les sentiments de ces jeunes Calédoniens, qui se cherchent un avenir mais sont sans cesse rattrapés par l'histoire et les divisions de leur territoire.
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