Dépassements d’honoraires : comment les praticiens justifient-ils cette augmentation ?

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Article rédigé par France 2 - E. Quéno, C. Blondiaux, G. Marque, L. Fourment, S. Vannier. Édité par l'agence 6Medias
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L’Assurance maladie s’interroge sur une pratique de plus en plus fréquente : le dépassement d’honoraires chez les spécialistes, mais aussi chez les généralistes. Comment les praticiens justifient-ils cette augmentation ? Et quelles conséquences pour les patients ?

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder dans son intégralité.

À Paris, quand il s’agit de trouver un généraliste, on tombe souvent sur la mention : secteur 2. Il s’agit de médecins qui dépassent le tarif de la Sécurité sociale, jusqu’à 100 euros pour une consultation en cabinet, 50 euros en moyenne en vidéo, des honoraires qu’assume un généraliste. "Lorsqu’ils ont une mutuelle, l’honoraire est de 60 euros", assure le Dr Guy Cadoche. 60 euros contre 30 euros chez la plupart des médecins, le juste prix selon lui pour des revenus corrects sans multiplier les patients. "Si vous êtes moins bien payé qu’un plombier, vous êtes moins bien considéré. Passer en dépassement d’honoraires, ça vous permet d’avoir moins de patients et de gagner quand même correctement votre vie. Si vous faites 50 à 60 patients par jour, vous ne pouvez pas effectuer correctement votre travail", affirme le médecin.

Le tarif de la Sécurité sociale n’a pas évolué depuis 2004.

Mais la majorité des dépassements sont pratiqués par les spécialistes : 82 % des chirurgiens, 70 % des gynécologues et 66 % des ophtalmologistes fixent eux-mêmes leur prix. À Lille (Nord), un spécialiste reçoit un retraité qu’il a opéré il y a quelques semaines. Coût de l’intervention : 943,30 euros. "La Sécurité sociale rembourse 502 euros et moi, il me reste à charge 80 euros", détaille le patient. 80 euros qu’il devra débourser, un surcoût impossible à éviter. "C’est nécessaire si derrière on a un bon résultat, si derrière on a de bonnes prestations", explique Raymond Fidelak, patient.

Un dépassement justifié selon le spécialiste par l’inflation. Le tarif de la Sécurité sociale n’a pas évolué depuis 2004. "Les honoraires des médecins sur ces actes-là sont restés les mêmes. Bien évidemment, les médecins ont dû s’adapter parce qu’on a des charges qui ont augmenté. L’inflation a augmenté ces derniers temps. Le matériel a augmenté. Le personnel, on a bien évidemment suivi l’inflation pour le salaire des gens qui travaillent avec nous", indique Vincent Dedes, président du syndicat des ophtalmologistes de France. Mais il adapte ses tarifs aux situations des patients. Par exemple, une victime d’une erreur médicale dans un autre cabinet ne paiera aucun dépassement.

Des patients en détresse

Tous les spécialistes ne sont pas aussi scrupuleux. Une association de conseils aux patients reçoit plusieurs dizaines de plaintes chaque année. En moyenne, chaque Français paie 274 euros par an pour ses frais de santé, avec des conséquences parfois dramatiques. "Certains reportent jusqu’à ce qu’ils arrivent à trouver une solution ou un médecin moins cher. C’est aussi des tensions. On a eu des situations où des personnes ont dû faire des emprunts ou des crédits pour payer parfois des interventions chirurgicales", rapporte Féreuze Aziza, chargée de mission Assurance Maladie, France Assos Santé. Et la tendance s’accentue chaque année. En 2024, près des trois quarts des nouveaux spécialistes ont choisi de fixer leur propre tarif.

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