Fort d'Ivry : la mémoire en image de l'armée

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Article rédigé par France 2 - F. Mavic, J.-M. Lequertier, H. Gasparini, A. Pacary, B. de Saint Jore, Images drone : ECPAD .Édité par l’agence 6médias
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À trois jours du 14 juillet, France 2 vous fait visiter un lieu honorant les soldats tombés pour la France. Le fort d'Ivry est un temple de l'histoire militaire française. Des milliers de bobines de films et de clichés de guerre y sont conservés avec le plus grand soin.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

On l'appelle la forteresse de l'image, le fort d'Ivry. Bastion construit au XIXe siècle pour protéger Paris de l'ennemi. Ces casemates abritent aujourd'hui la mémoire militaire de la nation. Armées de caméras et d'appareils photo, des générations de soldats de l'image ont saisi sur le vif les conflits auxquels la France a pris part. Matthieu Boulet veille sur les films. Entre ses mains, des bobines de la guerre 14-18 à manier avec précaution.

"Ça, c'est un élément nitrate, donc un élément assez sensible parce qu'à la fois très fragile et potentiellement hautement inflammable", explique le technicien de l'image avec une bobine à la main. Le nitrate, c'est un support souple utilisé dans les années 1900 pour imprimer les images. Tenter de sauver cette bobine de plus de cent ans, c'est mener bataille contre les ravages du temps.

"Là, on est dans un cas assez typique de perforations qui ont lâché, note Matthieu Boulet. Et ça, c'est vraiment très problématique parce que les machines qu'on va ensuite utiliser pour regarder le film fonctionnent dans ces perforations.

La réparation se fait au millimètre près. "L'idée, c'est toujours de le faire en essayant de toucher le moins possible la partie image du support", détaille le technicien en train de recoller deux bouts de pellicule. Image précieuse, celle des poilus dans les tranchées. Mais aussi image de propagande pour montrer aux Français et à l'ennemi que les troupes gardent le moral.

100 000 bobines et 15 millions d'images

Dans les entrailles du fort reposent 100 000 bobines, 15 millions d'images. Un patrimoine conservé par l'établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD). Les soldats de l'image ne sont pas les seuls contributeurs. Les particuliers y déposent parfois des archives personnelles. Laurence Lapland-Rigal, petite-fille de l'illustre général Redon – né en 1905 et mort en 2000 – vient léguer un album retraçant la vie de son grand-père. Une vie sous l'uniforme déclinée en noir et blanc. Laurence Lapland-Rigal a choisi de léguer l'album à Olivier Racine, responsable des dons privés.

"Je n'en suis que dépositaire, parce que ça appartient à l'histoire. Soit il a été témoin, soit il a même participé à différents événements de l'histoire, explique Laurence Lapland-Rigal. C'est lui rendre hommage et rendre hommage à tous les gens qui sont avec lui."

Un fort visitable

Passer en revue l'histoire militaire de la France, c'est aussi le travail quotidien de Marie Pham Van. Elle restaure des plaques de verre, témoignages d'officiers à l'époque coloniale. "Toutes nos restaurations doivent être réversibles, explique la restauratrice, référente de la cellule technique photo de l'ECPAD. Parce que si dans 15 ans, 20 ans, on se rend compte que les techniques qu'on utilise aujourd'hui, finalement, entrent en conflit avec la chimie de l'image et qu'elles créent d'autres dégradations, on doit pouvoir revenir en arrière."

Une fois restaurées, ces plaques de verre sont numérisées. Ce qui était invisible à l'œil nu apparaît alors avec une netteté étonnante. "On peut rentrer dans l'image, ce que notre œil ne fait pas, explique Marie Pham Van en pointant sur son écran deux personnes qui sont indiscernables sur les plaques. On a un exemple parfait, on découvre ces personnes qui sont dans les calèches."

Ce patrimoine audiovisuel n'est pas voué à sommeiller sous des mètres cubes de terre. Le fort d'Ivry ouvre ses portes à tous les citoyens qui le souhaitent. C'est aussi sa mission de service public.

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