Armée française : immersion au cœur d'un entraînement des forces spéciales

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Article rédigé par France 2 - A. Lay, N Auer, A. Da Silva. Edité par l'agence 6médias.
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À trois jours du défilé du 14-Juillet, le JT de "20 Heures" de France 2 et son "Grand format" vous immerge au cœur d'une qualification éprouvante avec des soldats qui rêvent d'intégrer le commando parachutiste : le CPA 10. Cette unité des forces spéciales exige un passage indispensable en milieu désertique. Direction Djibouti pour le stage "Belouga".

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Il y a cinq mois, ils étaient 33. Aujourd'hui, ils ne sont plus que neuf. Une dernière épreuve pour ces militaires d'une vingtaine d'années qui ambitionnent d'entrer dans les forces spéciales. Une mission d'entraînement inspirée d'opérations réelles pour les pousser dans leurs ultimes retranchements.

"Personne ne s'est fait tirer dessus encore ici, lâche Daniel, chef de groupe Action. Comment imaginer que des billes de peintures peuvent devenir de vraies balles dans quelques semaines pour certains ? On va attendre. Je pense que dans quelques jours, ils vont comprendre ce que c'est que la guerre."

Discrètement, le groupe Belouga débarque. Dans le scénario, 200 combattants sont retranchés dans le désert. Les stagiaires doivent se rendre de point en point et reconnaître les zones. Très vite, les silhouettes sombres des commandos se dessinent dans le crépuscule.

Opération nocturne et embuscade

"À gauche. À gauche", indique l'un d'eux. Une première ruine attire leur attention. Après la fouille, un stagiaire tombe sur un objet intriguant. "Là, j'ai une boîte suspecte, j'aimerais bien voir s’il y a quelque chose dedans pour voir recueillir du renseignement", explique-t-il. Par précaution, la boîte est tractée à l'aide d'un fil. Elle n'explose pas, ce qui signifie qu'elle n'était pas piégée. À l'intérieur, une plaque d'immatriculation et ce qui ressemble à une fusée éclairante.

Même en pleine nuit dans le désert, il fait encore 40 degrés. Une chaleur humide, étouffante, écrasante. Les stagiaires reprennent leur progression quand l'un des véhicules s'embourbe. "Pelle, sortez moi la pelle", réagit un aspirant commando. "Ils n'ont pas suivi le bon chemin, commente Brett, opérateur en groupe Action, tandis que les stagiaires s'activent pour dégager le véhicule. Ils sont partis sur un côté beaucoup plus technique, beaucoup plus rocailleux. Du coup, on perd du temps sur la mission. On est en terrain hostile, donc il faut arriver à conjuguer le fait de sortir le véhicule et de garder une vue de sécurité qui soit conséquente."

Après 45 minutes d'efforts, ils sont enfin sortis d'affaire. Mais ce n'est pas fini. Aux abords d'une grotte, tout ne se passe pas comme prévu. Des ennemis les attendent. Les échanges de tirs sont nourris. "Il me faut des mecs qui débarquent, les véhicules sont complètement inefficaces", demande un des stagiaires. Mais les renforts peinent à arriver.

"On les met en situation d'échec"

"J'ai deux tangos noirs", constate un stagiaire une fois la fusillade terminée. Les deux faux terroristes sont tués. Pourtant, l'exercice n'est pas un succès pour les stagiaires. En situation réelle, des hommes seraient morts.

"Les gars, ce qui rend vraiment dingue sur la manip', c'est l'état d'esprit. Sérieusement, c'est une plaisanterie, réprimande l'instructeur. Il y a deux mecs qui vous jettent des grenades, ça met un délai. Je pense qu'on est à 15 minutes. C'est nous, le dernier véhicule, qui vous envoie du monde, alors qu'il y a des mecs avant qui ont déjà vu le spectacle", poursuit-il. "Nous, on sait très bien ce qu'on fait, affirme Trévis, chef de stage. On les met en situation d'échec. Je ne vais pas dire insolvable, mais dans des situations compliquées. Le seul but, c'est de voir comment ils réagissent."

Deux heures de repos

Il est déjà 4 heures du matin. La fatigue se fait ressentir. Polak, 21 ans, rêve depuis son enfance d'intégrer les forces spéciales. Mais au moment d'installer son lit picot au milieu du désert, le bilan est encore difficile à encaisser. "Oui, ça fait chier parce que ça ne se passe pas comme on voudrait, concède-t-il. Les remarques, elles sont parfois dures, mais elles sont importantes. C'est ce qui fait évoluer."

Les stagiaires auront tout juste deux heures pour se reposer. À peine réveillés, ils doivent déjà repartir au combat pour un nouvel exercice : du tir à balles réelles sur des cibles. Cela fait partie intégrante des compétences qu'ils devront mettre en œuvre plus tard. Pour la libération d'otages, par exemple, l'une de leurs spécialités. Des missions qu'ils effectuent bien souvent dans des zones désertiques.

"On est poussés à bout mentalement et physiquement"

"On est poussés à bout mentalement et physiquement, parce que de toute manière, une fois que le physique est en croix, c'est la tête qui prend le relais et les instructeurs se sont bien mis en œuvre pour nous pousser au-delà de nos limites", explique Massol, stagiaire Belouga.

"On ne fait pas un stage pour briser des mecs, poursuit Trévis. On fait un stage pour justement leur forger des référentiels au fond de leur cerveau qui, le jour où ils le vivront, leur diront : je sais le faire, je l'ai déjà fait. Je sais à quoi m'attendre. Je sais qui je suis."

À la fin de ce stage Belouga, l'un des candidats n'a pas été retenu. Ils seront donc huit cette année à intégrer les forces spéciales du CPA 10, plus conscients que jamais de l'exigence de leur mission.

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