Condamnation de Nicolas Sarkozy : "Il a une force, c'est qu'il se sait innocent", réagit son avocat Christophe Ingrain
La condamnation inédite de l'ancien président de la République , Nicolas Sarkozy, jeudi 25 septembre, fait grand bruit. C'est notamment une grande première dans l'histoire de la Ve République. L'avocat de l'ancien maire de Neuilly-sur-Seine, Me Christophe Ingrain, était invité sur le plateau du 20h le soir même pour répondre aux questions de Léa Salamé.
Le tribunal correctionnel de Paris a rendu son jugement, jeudi 25 septembre : Nicolas Sarkozy est condamné à cinq ans de prison avec mandat de dépôt à effet différé et exécution provisoire. S'il a déjà interjeté appel, l'ancien président de la République sera bel et bien incarcéré. Son avocat, Me Christophe Ingrain, est venu sur le plateau du 20h pour discuter de cette condamnation avec Léa Salamé.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Léa Salamé : Nicolas Sarkozy condamné donc à 5 ans de prison pour association de malfaiteurs avec mandat de dépôt. Est-ce qu'il s'attendait à une telle décision ?
Christophe Ingrain : On s'attendait à tous types de décisions, on s'est préparé à tous les cas de figure. On espérait une relaxe. Nicolas Sarkozy est innocent, il le dit, il le clame, il l'affirme depuis des années. Le dossier tel qu'il est ressorti des 14 semaines d'audience était en charpie, il n'y avait plus de contrepartie, il n'y avait plus de pacte de corruption, tout ça avait disparu et d'ailleurs aujourd'hui, dans le jugement, il a été relaxé des faits de corruption et des faits de financement
Mais il n'a pas été relaxé des faits d'association de malfaiteurs. Pour la présidente du tribunal, c'est extrêmement grave, ce sont des faits d'une exceptionnelle gravité.
C'est une voiture-balai, et c'est très contradictoire avec ce qu'on nous expliquait pendant la motivation du jugement. La raison pour laquelle il y a cette association de malfaiteurs, c'est qu'on reproche à Nicolas Sarkozy d'avoir laissé deux de ses collaborateurs, Brice Hortefeux et Claude Guéant, envisager la possibilité d'un financement de la campagne électorale par la Libye. C'est faux, il n'y a rien dans le dossier.
On leur reproche d'être allés en Libye, d'être allés démarcher des très proches de Mohamed Kadhafi, dont son beau-frère. On leur reproche l'intention d'avoir essayé d'aller demander de l'argent et on reproche à Nicolas Sarkozy le fait de forcément le savoir puisqu'ils étaient ses deux proches conseillers.
Mais tout ça repose sur des suppositions. Il n'y a rien dans le dossier qui vient étayer ça. Il n'y a rien dans le dossier qui nous dit que pendant ces rencontres Guéant-Sénoussi, Hortefeux-Sénoussi, on a discuté du financement de la campagne à venir. Il n'y avait pas besoin de faire financer la campagne électorale de 2007 par la Libye. Nicolas Sarkozy était à la tête de l'UMP. L'UMP était à Nicolas Sarkozy. Il n'y avait aucun doute. Pourquoi voulez-vous qu'on aille demander à ce dirigeant libyen de financer une campagne alors qu'il n'y en a pas besoin ?
Une décision "incompréhensible"
Il y a eu la preuve, c'est ce que dit la présidente du tribunal, qu'il y avait des flux d'argent qui ont transité depuis la Libye.
Mais qui sont arrivés où ? Elle le dit, pas dans la campagne. Alors c'est quand même un vrai sujet. Il y a de l'argent qui part de la Libye, on ne sait pas où il arrive, mais Nicolas Sarkozy est déclaré coupable. Il y a quelque chose qui ne va pas, surtout que la même présidente dit qu'il n'y a pas de financement de la campagne électorale et qu'il n'y a pas de détournement de fonds. Alors probablement, qu'il y a de l'argent qui part de Libye. On ne sait pas où il arrive, en tout cas pas dans la campagne. On ne peut pas déclarer Nicolas Sarkozy coupable de ces faits.
Elle l'a déclaré coupable de ces faits. Il devra donc aller en prison. Le 13 octobre prochain, il sera convoqué. Pourquoi sera-t-il convoqué ? Pour qu'on lui explique les modalités de son incarcération ou pour entrer en prison ?
Le processus judiciaire maintenant, c'est en effet plusieurs étapes, dont dans les semaines à venir un rendez-vous pour qu'on établisse avec lui les modalités de la mise en œuvre de la décision du tribunal. Je n'ai aucune idée d'où il sera incarcéré, il est très tôt, le délibéré a été rendu il y a quelques heures.
Est-ce que vous avez des voies de recours ou est-ce que c'est terminé ? J'imagine que vous êtes en train d'examiner les possibles hypothèses de recours. Mais aujourd'hui, à ce stade, est-ce qu'il y a encore quelque chose qui peut l'empêcher de dormir en prison dans les prochaines semaines ?
Absolument. S'il y a quelque chose qui peut l'en empêcher, on essaiera et on fera tout pour qu'il ne dorme pas en prison dans les semaines à venir. Pourquoi fait-on tout ? C'est d'abord parce qu'il est innocent, mais c'est surtout parce que ça prive l'appel auquel il a droit de tout intérêt. Quand vous vous présentez devant une cour d'appel, dans un an maximum - c'est le délai maximum - en ayant commencé à purger votre peine, vous avez déjà quelques semaines, quelques mois de détention, vous arrivez avec les menottes. Vous savez, ça prive de beaucoup d'intérêt à l'appel. C'est pour ça que la décision qui a été prise par le tribunal, est incompréhensible.
Un Nicolas Sarkozy "déterminé"
Comment a-t-il réagi ? On vous a vu lui parler au moment de l'énoncé du jugement. Comment a-t-il réagi ? Qu'est-ce qu'il vous dit cet après-midi ? Comment encaisse-t-il ?
Il a une force, c'est qu'il se sait innocent. Il a une force et il se dit : "j'ai subi 12 ans de calomnie. Au bout de ces 12 ans de calomnie, on me dit au cours d'une audience, il n'y a pas eu de financement, le document Mediapart est un faux, il n'y a pas eu de détournement, il n'y a pas eu de corruption". Mais il y a quand même l'association de malfaiteurs. Et donc, sur cette voiture-balai, je vous condamne à 5 ans d'emprisonnement. Alors il reste combatif, il est déterminé, il a cette force, je vous disais, de celui qui se sait innocent. Si on a 12 ans à nouveau devant nous pour le démontrer, on les utilisera.
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