Érosion des côtes : des habitations menacées en face du Mont-Saint-Michel

Publié
Temps de lecture : 2min - vidéo : 3min
Article rédigé par France 2 - Y. Martinet, M. Descoubès, H. Desaunay, A. Cohen - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

La mer finira-t-elle par gagner ? Et si oui, quel est le délai pour les habitant de Saint-Jean-le-Thomas (Manche), situé face au Mont-Saint-Miche ? Ils sont en première ligne des effets de l’érosion des côtes.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

C'est une carte postale où tout semble immuable. Pourtant, dans la baie du Mont-Saint-Michel (Manche), l'érosion ronge les dunes. Une grosse tempête, une marée un peu forte, et un quartier de Saint-Jean-le-Thomas pourrait être submergé, selon une projection des scientifiques de l'université de Caen (Calvados).

Lydie habite dans le hameau menacé. Elle a mis 20 ans à rembourser seule le crédit de sa maison. "Ma vie, c'est auxiliaire de vie, femme de ménage", indique-t-elle. "Quand vous avez acheté, vous ne saviez pas que c'était submersible ?", demande le journaliste de France Télévisions. "Non. Et je n'ai même pas pensé à me renseigner. J'étais tellement contente d'avoir cette maison", se souvient Lidie Oury, habitante de Saint-Jean-le-Thomas. La plage n'est qu'à 100 m de chez elle, mais Lydie s'y rend le moins souvent possible pour ne pas voir les effets de l'érosion.

Cinq mètres par an depuis 70 ans

Le littoral normand est sous haute surveillance. Le professeur Franck Levoy est géomorphologue. Deux fois par an, il relève la topographie du rivage mouvant. "Avec le changement climatique, on constate une mer qui monte. Cela induit des problèmes d'érosion, renforcés. À Saint-Jean-le-Thomas, on a, pendant 70 ans, plus de cinq mètres par an de recul, ce qui est très important", détaille le professeur spécialisé en géomorphologie à l’Université de Caen.

Face à l'érosion, certains prennent les devants. Une ferme est désormais abandonnée. Il y a peu, un couple d'agriculteurs y élevait 350 moutons. Mais à cause des pâturages envahis par les eaux, ils ont jeté l'éponge. À contrecœur, ils ont quitté l'exploitation pour reprendre un camping à Sainte-Mère-Église (Manche). David Lecordier et son épouse ont failli tout perdre. "La dernière marée avant qu'on parte, c'est là qu'on s'est dit qu'on n'avait pas de regret de partir parce que la mer était montée très haut et c'était passé par-dessus la digue", se souvient Claudine Lecordier. Leur ferme a été rachetée par l'État, elle sera rasée. Les terres seront rendues à la nature pour laisser l'eau reprendre ses droits.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.