Kenya : les mines artisanales d’or fleurissent au mépris des règles de sécurité

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Article rédigé par France 2 - L. Chaussoy, F. Fougère, J. Bohbot. Édité par l'agence 6Medias
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Au Kenya, ils sont des milliers chaque jour à risquer leur vie à 30 mètres sous terre pour tenter d'extraire quelques poussières du plus précieux des métaux. Il y en aurait encore 30 tonnes dans les entrailles du pays. Avec la récente flambée des cours de l'or, les mines artisanales fleurissent au mépris des règles de sécurité.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder dans son intégralité.

Quelques pépites pour lesquelles ils sont prêts à prendre tous les risques. C'est le rêve d'une nouvelle génération de chercheurs d'or dans l'ouest du Kenya. Chaque matin, de nombreux hommes du comté de Kakamega prennent désormais le chemin de la mine. Avant d'entrer, le chef d'équipe donne les dernières consignes de sécurité. Il est un peu inquiet pour les nouvelles recrues. Il travaille dans une ancienne mine d'or britannique, abandonnée à l'indépendance et qu'un propriétaire kenyan continue d'exploiter. Elle s'enfonce à plus de 30 mètres sous terre.

Les mineurs descendent à la lueur de leurs petites torches, sans aucune protection. Et une fois au fond, il y a plus d'un mètre d'eau par endroit. Chacun avance comme il peut, en veillant à ne pas s'électrocuter. "Notre travail est très dangereux. Quand on casse la roche, elle devient très fragile", assure Bony Kabaka, chef d’équipe. Les hommes creusent toute la journée sans voir la moindre pépite. Ils passent des heures et des heures à se relayer dans le noir pour remplir des sacs de quartz, la roche où se trouve l'or. Le tout avec très peu d'oxygène.

Un manque de sécurité

Malgré les risques, ils n'ont pas hésité à se lancer. Il y a quelques mois, ils étaient encore cuisiniers, agriculteurs ou maçons comme Dennis. "Moi, quand j'étais maçon, je gagnais trois euros par jour. Dans la mine, je peux gagner 30 euros, voire plus", indique Dennis Yavasta, mineur.

La fièvre de l'or a transformé la région en un immense gruyère. Des mines artisanales ont été creusées un peu partout. Le sol est très fragile. À la surface, les femmes prennent le relais. Marceline était enseignante, Teresa commerçante. Désormais, elle trie et lave de la roche toute la journée. "Je nettoie la roche concassée qui vient de la mine. L'or va rester sur le tapis parce qu'il est plus lourd que les autres minéraux qui sont emportés par l'eau. Ensuite, je lave le tapis et je récupère l'or", détaille Marceline.

Ce jour-là, Timothy Mukoshi, le responsable du syndicat des mines, visite le site. Officiellement, il est censé recenser les travailleurs et garantir leur sécurité. Une mission impossible aujourd'hui. "Le nombre de personnes qui travaillent dans le secteur minier a triplé. On fait face à de nombreux problèmes. Par exemple, la pollution de l'environnement, le problème d'utilisation des produits chimiques comme le mercure pour les mineurs et le problème principal, c'est leur manque d'équipement", fait savoir Timothy Mukoshi.

Le cours de l’or explose

La plupart des travailleurs ne sont pas déclarés et revendent ensuite leur or à des grossistes en ville qui préfèrent rester anonymes. Depuis la crise du coronavirus et la guerre en Ukraine, le cours de l'or explose et atteint des records historiques. Le tout est ensuite revendu à l'étranger.

Le problème, c'est qu'une fois fondu, il est difficile de tracer l'or et de savoir dans quelles conditions il a été extrait. Ces dernières années dans le comté de Kakamega, plus de 5 000 personnes se sont lancées dans l’orpaillage artisanal. Il resterait plus de 30 tonnes d'or dans les sous-sols de la région, des ressources que le Kenya peine à encadrer.

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