"Lorsque l’on ne peut pas remplir son frigo, on réfléchit avant de donner aux associations", affirme Patrice Douret, président bénévole des Restos du Cœur.
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Invité du "11h/13h" ce mercredi 15 octobre, Patrice Douret, président bénévole des Restos du Cœur, revient sur les difficultés financières et humaines que rencontrent les associations aujourd’hui et sur l’importance du bénévolat et du soutien des donateurs.
Les associations françaises sont-elles réellement en danger ? L’Observatoire des Restos du Cœur organise ce mercredi 15 octobre un colloque rassemblant de nombreuses structures solidaires. Pour en discuter, le "11h/13h" de franceinfo reçoit Patrice Douret, président bénévole des Restos du Cœur. Il revient sur les difficultés financières et humaines auxquelles font face les associations aujourd’hui, la baisse du financement public, mais aussi sur l’importance cruciale du bénévolat et du soutien des donateurs pour continuer à répondre aux besoins grandissants des personnes les plus précaires en France.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Lucie Chaumette : L’Observatoire des Restos du Cœur organise le 15 octobre un colloque réunissant de nombreuses associations. Peut-on dire que ces associations sont en danger en France ?
Patrice Douret : Elles sont effectivement très inquiètes. Aujourd’hui, les besoins sont considérables. Sur le terrain, nous constatons une augmentation de la précarité et même de la pauvreté en France. Le rapport récent de l’INSEE l’a clairement mis en évidence.
Lucie Chaumette : Vous dénoncez une baisse du financement public. Concrètement, qu’est-ce que cela signifie au quotidien pour les associations ?
Patrice Douret : Concrètement, cela se traduit par des actions impossibles à mener, par de l’inquiétude et surtout par une grande incertitude. Les associations sont présentes dans tous les aspects de notre vie quotidienne : sport, culture, santé, droits des femmes… Elles ont besoin de visibilité et de certitudes quant au soutien public, mais aussi de la part de leurs partenaires et donateurs, qui eux aussi attendent de savoir s’ils pourront continuer à les soutenir.
Lucie Chaumette : Le colloque du 15 octobre, c’est un cri d’alerte ?
Patrice Douret : C’est à la fois un cri d’alerte et une célébration de l’importance du monde associatif. Sans les associations qui regroupent 20 millions de bénévoles et 2 millions de salariés notre pays n’aurait pas tenu pendant la crise sanitaire. Elles sont aussi le socle du sport, de la culture et de nombreuses autres activités. Ce colloque est un lieu de rassemblement autour de passions et de causes, mais il met aussi en lumière le besoin urgent de clarté et de soutien, car de nombreuses associations traversent de grandes difficultés financières.
Lucie Chaumette : Les difficultés financières entraînent-elles aussi des difficultés humaines, pour attirer des bénévoles ou rémunérer les salariés ?
Patrice Douret : Absolument. Pour les Restos du Cœur, les bénévoles sont notre richesse. Nous comptons 78 000 bénévoles présents chaque jour, et souvent le soir aussi, lors des activités de rue. Sans eux, nous ne pourrions rien faire. Le soutien financier et humain est directement proportionnel à notre capacité d’action : plus nous en avons, plus nous pouvons agir ; moins nous en avons, moins nous faisons.
Lucie Chaumette : Selon nos confrères des Échos, le gouvernement envisage de doubler le plafond des dons aux organismes d’intérêt général, le portant à 2 000 euros, avec une réduction d’impôt de 75 %. Si cette mesure est adoptée, qu’est-ce que cela pourrait changer pour les Restos et pour les autres associations ?
Patrice Douret : Ce serait une très bonne nouvelle, mais nous restons prudents. Nous en sommes encore au début du processus budgétaire et il ne s’agit pour l’instant que d’une annonce. Il faudra aussi s’assurer que cela ne se fasse pas au détriment d’autres causes ou aides.
Lucie Chaumette : Est-ce un sujet de préoccupation pour vous ?
Patrice Douret : Oui, c’est un point sur lequel nous sommes extrêmement attentifs.
Lucie Chaumette : En avril dernier, le baromètre annuel de la solidarité réalisé par Ipsos pour les Apprentis d’Auteuil révélait qu’en 2024, les Français ont continué à donner aux associations, mais un peu moins qu’en 2023 : la moyenne est passée de 371 à 364 euros. Comment expliquez-vous cette baisse ?
Patrice Douret : Aux Restos du Cœur, nous avons la chance de continuer à bénéficier du soutien de nos donateurs et partenaires, sans doute en raison de notre taille et de notre notoriété. Mais il est vrai que le don moyen diminue, car les donateurs sont eux-mêmes touchés par les questions de pouvoir d’achat et s’inquiètent de pouvoir continuer à soutenir les associations face aux incertitudes actuelles. Quand on peine à remplir son frigo, on réfléchit avant de donner.
Lucie Chaumette : Les associations se retrouvent donc un peu coincées : le financement public est insuffisant et les dons privés sont impactés par le pouvoir d’achat. L’État doit-il agir ?
Patrice Douret : L’État doit en effet être plus clair et nous fournir des garanties sur son soutien. Les entreprises partenaires attendent également de savoir quelles seront les conditions fiscales des dons et s’ils pourront continuer à nous aider.
Lucie Chaumette : Craignez-vous que le nombre de bénéficiaires des Restos du Cœur continue d’augmenter ?
Patrice Douret : Malheureusement, c’est la seule certitude : les besoins sont là, et ils ne cessent de croître. C’est d’ailleurs l’un des sujets que nous aborderons lors du colloque.
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