Où partent nos téléphones volés ?

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Article rédigé par franceinfo - B. Delombre, A. Gras, N. Jauson - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Des vols de téléphones se déroulent quotidiennement en France. S'il est très complexe de le retrouver ou de se faire rembourser, les malfaiteurs sont parfaitement organisés, du vol jusqu'à la revente.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Pour Hugo, descendre les Champs-Élysées a forcément un goût amer. En mai dernier, le jeune homme s'est fait voler son téléphone alors qu'il fêtait la victoire du Paris Saint-Germain en Ligue des champions. Ce soir-là, il filme la foule en liesse sans remarquer le voleur juste à côté de lui.

"En une fraction de seconde, je vois une main prendre mon téléphone et je n'ai jamais pu retrouver ni la trace, ni l'ombre de quelqu'un. À ce moment-là, il y a de la colère qui monte, beaucoup de colère", a-t-il expliqué.

La plainte qu'il a déposée n'a rien donné et son assurance a refusé de lui rembourser la valeur du smartphone : 1200 euros. Chaque année en France, 600 000 téléphones portables sont volés dans des boutiques de téléphonie, sur la voie publique ou, discrètement comme ici, sur le comptoir d'un restaurant.

Il y a deux semaines, en région lyonnaise, des gendarmes ont interpellé 14 personnes soupçonnées d'avoir volé des centaines de téléphones. Préjudice estimé : un million d'euros. Ces réseaux, disent les enquêteurs, sont parfaitement organisés.

"Les malfaiteurs sont recrutés via des messageries cryptées et agissent sur ordre. Si certaines équipes sont interpellées, elles sont rapidement renouvelées sans que le phénomène puisse être stoppé", a indiqué la police nationale.

Une revente à la découpe

Alors que deviennent ces téléphones volés ? Qui les achète ? Qui les revend ? Vous allez voir qu'ils font souvent un long voyage. Et pour beaucoup d'entre eux, le périple commence ici, près du métro Barbès-Rochechouart à Paris.

Un quartier populaire, carrefour des petits trafics. La plupart du temps ici, les voleurs vendent leurs butins à des intermédiaires. Ce qu'on appelle les rosseleurs.

Le bled, c'est-à-dire les pays du Maghreb. C'est là que sont envoyés chaque mois des milliers de téléphones, parfois quelques jours seulement après avoir été volés.

Comme s'en est rendu compte cette étudiante dont le smartphone a disparu il y a un an dans un tram à Lyon.

L'étudiante a contacté la marque de son smartphone pour bloquer tout accès à l'appareil. Mais même verrouillés, les téléphones volés gardent de la valeur. À 2000 km de la France, Tanger, au Maroc. Nous avons rendez-vous avec ce réparateur de téléphone. Il souhaite rester anonyme, car il a déjà acheté des appareils dérobés en Europe. Plutôt que de prendre le risque de commercialiser directement les téléphones volés, lui, a toujours préféré les vendre à la découpe.

"Il y a des caméras, des micros, par exemple, vivreur, la carcasse, tout ça. Ça se vend avec un bon prix", a-t-il détaillé.

Avec l'augmentation des dispositifs de sécurité, les smartphones volés finissent de plus en plus souvent en pièces détachées de l'autre côté de la Méditerranée. Un marché occulte qui pourrait s'élever à plusieurs millions d'euros.

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