Alexandre Jardin : "On a un problème de structure en France"

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Gilles Bornstein : Le budget qui vient de nous être présenté, est-ce que c'est un bon ou un mauvais budget pour les Gueux ?

Alexandre Jardin : Je ne suis pas un homme politique. Ce qu'on fait avec les Gueux, ce n'est pas de la politique. On n'est pas du tout dans une logique partisane. Ce n'est pas notre sujet à nous. En tant que citoyen, je pense que c'est une catastrophe. Mais ça n'engage pas du tout le mouvement des Gueux. Le mouvement des Gueux, ce n'est pas ça. On fonctionne à partir de causes très concrètes. On n'a pas un discours comme des gens politiques auraient.

Camille Vigogne-Le Coat : Vous parlez du mouvement des Gueux, cela représente combien de personnes ? Concrètement, cela rassemble une structure, il y a des cartes d'adhésion, je peux devenir adhérente demain ?

Vous pourrez devenir adhérente à partir de la semaine prochaine. Parce que jusqu'à présent, c'est un mouvement qui s'est constitué autour d'un hashtag. Un hashtag, ce n'est pas une association, c'est un mouvement qui se développe. C'est pour ça que lorsque vous avez dit que j'avais lancé le mouvement, non, un hashtag, ça ne se lance pas. Il y a une population qui va l'utiliser ou non. Au départ, j'ai fait un post et j'ignorais que le lendemain, il y aurait 540 000 personnes qui viendraient voir ce post. Et j'ignorais que la population en ferait un hashtag. C'est pour ça qu'on se structure maintenant. Et on se structure pour engager en puissance, véritablement, notre deuxième cause.

Gilles Bornstein : Vous dites que ce budget est catastrophique. Pourquoi ?

Parce qu'il ne touche pas à nos structures. Et tout le monde sait très bien qu'on a un problème de structure en France. C'est-à-dire que si vous demandez sans cesse à la population de bosser plus, de payer plus, mais qu'on ne restructure pas... On a une administration administrante qui est absolument obèse en France.

Gilles Bornstein : Je peux me permettre de vous faire remarquer que c'est un discours strictement politique ?

Il m'arrive parfois de parler en disant ce que je pense. Sincèrement, je me fiche complètement de savoir si on est suivi par tel ou tel parti. On raisonne vraiment à partir du citoyen. Alors vous, vous faites votre boulot, vous êtes journaliste politique, donc vous avez votre prisme, mais ce n'est pas du tout le nôtre.

Gilles Bornstein : Est-ce que – vous êtes auteur à succès, je suppose que vous avez correctement gagné votre vie – pour réduire le déficit et pour que ceux qui en ont plus besoin vivent mieux, êtes-vous prêt à payer plus ?

Personnellement, moi, oui. Mais je ne suis pas représentatif. Et si on a monté le mouvement des Gueux, c'est précisément parce qu'il y a toute une partie de la population qui n'est pas calculée par nos décideurs, qui prennent des gens qui sont dans l'angle mort. Et toutes les causes que l'on porte, c'est tout simplement pour redonner la parole à des gens qui ne pèsent pas dans notre démocratie. Moi, je vais travailler en tant que citoyen jusqu'à ce qu'on ait, en France, un système reconnecté. Et la grande reconnexion, pour moi, elle aura lieu le jour où on aura un référendum d'initiative citoyenne, comme les Suisses.

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