Reconnaissance de l’État palestinien : "C’est le pire cauchemar du Hamas", affirme Alain Finkielkraut

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Article rédigé par franceinfo - M. Encaoua, L. Joffrin
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Dimanche 21 septembre, Alain Finkielkraut, philosophe et membre de l’Académie française, était l’invité d’"Autrement dit" sur franceinfo. Alors qu’Emmanuel Macron reconnaîtra l’État palestinien lundi, il s’est dit favorable à cette décision, en reprenant les mots d’Ami Ayalon, ancien chef du service de renseignement intérieur israélien, qui a déclaré que le Hamas redoutait cette reconnaissance plus que tout.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Myriam Encaoua : Lundi 22 septembre, Emmanuel Macron va reconnaître l’État de Palestine à la tribune des Nations Unies. Certains ont pu s’en étonner, mais vous soutenez la décision du président français. Pour quelles raisons ?

Alain Finkielkraut : La politique d’Emmanuel Macron est zigzagante. Elle m’a un peu donné mal à la tête. Il a voulu, après le 7 octobre, qu’il y ait une coalition internationale contre le Hamas, sur le modèle de la coalition internationale contre l’État islamique. D’ailleurs, cette guerre à Mossoul et à Raqqa avait fait, on a tendance à l’oublier, au moins 50 000 morts. Quelques semaines après, il a dénoncé des massacres inexcusables de l’armée israélienne, en oubliant la réalité d’une guerre asymétrique, en oubliant ce qu’a rappelé la romancière autrichienne Herta Müller, que les Palestiniens se servent de leur population pour protéger leurs armes, alors que les Israéliens se servent de leurs armes pour protéger leur population. Il n’empêche, aujourd’hui, qu’Emmanuel Macron veut reconnaître l’État de Palestine, et je l’approuve.

Bernard-Henri Lévy a très clairement dit que reconnaître l’État palestinien deux ans après le massacre du 7 octobre revenait à récompenser l’organisation terroriste du Hamas.

J’avais lu, avant cette déclaration de Bernard-Henri Lévy, un entretien absolument passionnant dans Le Figaro, avec Ami Ayalon, ancien chef du Shin Bet. Tout sauf une belle âme. Mais il a dit que la reconnaissance de l’État de Palestine est le pire cauchemar du Hamas. Le rêve du Hamas, c’est un État du Jourdain à la Méditerranée. Il a ajouté que pour vaincre le Hamas, il n’est pas suffisant de remporter une victoire militaire, ce que nous avons fait. Nous devons aussi être capables de défaire l’idéologie du Hamas et la seule façon d’y parvenir est de présenter un meilleur projet pour les Palestiniens, c’est-à-dire la création d’un État à côté d’Israël. Et pourquoi est-ce le moment ? Précisément à cause de la politique frénétique d’implantation en Cisjordanie. On sait aussi que depuis le début de l’année, il y a eu mille attaques de Palestiniens par certains colons israéliens. Donc il importe de dire tout de suite au gouvernement israélien que cette annexion ne peut avoir lieu, et que si Israël continue cette politique, Israël deviendra un État paria.

Laurent Joffrin : Que pensez-vous des déclarations des ministres de Netanyahou et lui-même, qui déclarent qu’il n’y aura jamais d’État palestinien ?

Itamar Ben-Gvir menace en rétorsion d’annexer la Cisjordanie, ce qui ferait exploser les accords d’Abraham, qui sont une belle réussite diplomatique. Mais que voulez-vous ? Qui sont ces ministres, Itamar Ben-Gvir, Bezalel Smotrich ? Ce sont des ministres extrêmement violents. Smotrich, ministre de la Sécurité nationale, a diminué les rations des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. Il y a eu, aussi, dans un village palestinien, Huwara, il y a quelque temps, un attentat commis par des habitants de ce village. La réponse de certains colons a été de dire qu’ils allaient incendier des voitures et des maisons. Smotrich est interrogé et dit que ce n’est pas aux civils de le faire, mais qu’il faut raser Huwara. Ces gens sont terribles, ils ne sont pas les héritiers de Yitzhak Rabin. Ils sont les héritiers de son assassin, Yigal Amir.

Retrouvez l'intégralité de l’interview dans la vidéo ci-dessus

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