Vidéo "Affaires sensibles". Les autorités algériennes auraient-elles pu être impliquées dans la vague d'attentats qui a frappé la France en 1995 ?

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Article rédigé par France 2
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Après l'attentat au métro Saint-Michel en juillet 1995 et la vague d'attaques qui a suivi, les organisateurs, des membres du GIA (Groupe islamiste armé) algérien, ont fini par être identifiés et jugés. Mais le rôle éventuel des autorités algériennes fait toujours l'objet de certains soupçons… Extrait d'"Affaires sensibles" du 5 octobre 2025.

Huit attentats en trois mois, dont le premier, le 25 juillet 1995 au métro Saint-Michel, est le plus meurtrier. Le 5 octobre 2025, ”Affaires sensibles“ s'intéresse à un nouveau visage du terrorisme qui émerge alors, incarné par un certain Khaled Khelkal. Une empreinte digitale relevée sur une bonbonne de gaz a mis les policiers sur la piste de ce jeune délinquant issu de la banlieue lyonnaise, qui s'est radicalisé en prison. A leur grande surprise, car ils recherchaient plutôt des terroristes algériens du GIA, le Groupe islamiste armé qui prend alors la France pour cible.

Un nouveau terrorisme islamiste

Khaled Kelkal est abattu au terme d'une chasse à l'homme très médiatisée, presque en direct au cours du journal de 20 heures… L'enquête se poursuit, et des numéros de téléphone retrouvés chez certains de ses proches permettent de remonter jusqu'aux organisateurs et de mettre fin à la série noire.

Vingt-cinq hommes seront poursuivis par la justice. En tant qu'auteurs et financiers des attentats, Boualem Bensaïd et deux autres Algériens du GIA écopent de la perpétuité. Leurs 22 complices, pour la plupart issus des banlieues françaises, sont condamnés à des peines de 4 à 8 ans. Khaled Kelkal, seul responsable direct d‘une attaque à avoir grandi en France, devient le symbole d'un nouveau terrorisme islamiste.

A qui profite le crime ?

Sur cette enquête plane encore un terrible soupçon : et si les autorités algériennes étaient impliquées dans les attentats visant la France ? L'Algérie est alors plongée dans ce qu'on a appelé "la décennie noire", et le régime est aux prises avec les islamistes, notamment du GIA. Le juge antiterroriste (de 2006 à 2015) Marc Trévidic juge cette hypothèse crédible : "Tous les dossiers des attentats de 1995 ont tellement révulsé la France, et l‘Europe d’une manière générale, qu'ils ont entraîné une aide accrue de la France au régime algérien", rappelle-t-il.

Pour étayer cette hypothèse, il y a certains faits troublants qui concernent un personnage considéré comme le principal coordinateur des attentats de 1995. À deux reprises, Ali Touchent échappe de justesse à la police française, d'une façon quasi miraculeuse. Officiellement recherché en Algérie, il vit au grand jour dans un quartier d'Alger réservé aux policiers, jusqu’à sa mort en 1997, dans des circonstances jamais élucidées... Le journaliste Jean-Philippe Leclaire pense qu'il aurait pu jouer le rôle d'un "agent double qui aurait organisé les attentats en France (...) pour faire définitivement basculer Paris du côté du régime algérien et contre les islamistes".

Des doutes au sommet de l'Etat

La version officielle qui fait du GIA l'unique responsable des attentats n'a jamais été remise en cause officiellement. Ce qui n'empêche pas le soupçon à l’encontre des autorités algériennes d'être largement partagé au sommet de l’Etat... De Jacques Chirac à Lionel Jospin en passant par Jean-Louis Debré, "il n'y a aucun homme politique qui ait pu ne pas douter de la version officielle", selon Marc Trévidic. A l'heure actuelle, aucune preuve d'une telle manipulation n'a été mise au jour.

Extrait de "Khaled Kelkal, ennemi public numéro 1", un document de Dimitri Queffelec, Vincent Barral et Juliette Orcel.

A voir le 5 octobre 2025 dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France TV presse, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter.




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