: Vidéo Disparition de Gérald Thomassin : "On est obligé de conclure à une issue tragique, il n'y a pas d'autre hypothèse crédible", estime son dernier avocat

Pendant plus de dix ans, l'ex-espoir du cinéma français, césarisé à 16 ans pour Le Petit Criminel de Jacques Doillon, a clamé son innocence dans une affaire de meurtre. Celui de Catherine Burgod, postière à Montréal-la-Cluse, retrouvée poignardée dans l'arrière-salle de son agence en décembre 2008. "Gérald Thomassin, c'est le coupable idéal : c'est le toxicomane, l'alcoolique, le marginal qui vient de s'installer dans le village, qui est en face de l'agence postale, et qui en vient à être accusé faute de mieux", résume son dernier avocat, Camille Radot. Dans ce bourg tranquille près de la frontière suisse, l'ancien enfant de la DDASS détonne dans le paysage, "il n'est pas comme les autres". 

"On réalise qu'en France aujourd'hui, on peut passer deux ans en prison pour des présomptions de culpabilité" : Gérald Thomassin a en effet été incarcéré en détention provisoire de 2013 à 2015, sur la base d'un "dossier assez vide", souligne le journaliste Jérôme Bermyn, qui l'a rencontré dans le cadre d'un reportage. L'accusation est allée jusqu'à imaginer qu'ayant joué à plusieurs reprises des rôles de criminels à l'écran, il aurait transféré ces scènes dans la vie réelle… "C'est gravissime", commente son avocat. 

"Il me dit qu'il vient, et puis... pas de Gérald Thomassin"

En 2017, l’enquête a connu un tournant décisif : les traces ADN prélevées sur la scène de crime ont enfin parlé. Elles désignent un nouveau suspect, Mamadou Diallo, qui vivait aussi à Montréal-la-Cluse à l’époque du meurtre. Ce rebondissement devait permettre à Gérald Thomassin d’être blanchi. Le 29 août 2019, il est attendu au tribunal de Lyon pour "l'ultime confrontation avant la clôture de l'information judiciaire, à la demande de l'avocate de M. Diallo". L'acte devait, avec une "quasi-certitude", aboutir à un non-lieu pour Gérald Thomassin et signer la fin de son cauchemar. "Il souhaite venir, il me dit qu'il vient, explique Me Camille Radot. Et puis, pas de Gérald Thomassin (...). Il n'est jamais venu, et je n'ai plus jamais eu de nouvelles de lui."

Que lui est-il arrivé à Nantes, où Gérald Thomassin a été localisé pour la dernière fois ? Ni le journaliste ni l'avocat ne croient à l'hypothèse de la disparition volontaire, à plus forte raison une fois le non-lieu prononcé, en 2020. Aujourd'hui, Me Camille Radot redoute "une issue tragique, il n'y a pas d'autre hypothèse crédible". 

Un entretien réalisé à l'occasion de la diffusion d'un documentaire consacré à "Gérald Thomassin : l'étrange disparition d'un coupable idéal" dans "Affaires sensibles", une coproduction France Télévisions, France Inter et l’INA, adaptée d’une émission de France Inter, à voir sur France 2 les dimanches à 15h05.

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