: Vidéo En pleine pénurie, un laboratoire jette des milliers de flacons d'amoxicilline pour de simples défauts esthétiques, révèle "Cash Investigation"
Une journaliste de l'émission s'est fait embaucher sur les lignes de contrôle d'emballages de cet antibiotique destiné au Japon et a pu filmer avec une caméra cachée. Le document est diffusé en intégralité jeudi à 22h10 sur France 2.
En France, il n'existe plus qu'un laboratoire qui produit de l'amoxicilline. L'usine est située à Mayenne et appartient au groupe britannique GSK, l'un des dix géants de l'industrie pharmaceutique mondiale. En février 2024, en pleine pénurie, GSK, comme d'autres laboratoires, a obtenu que l'Etat français augmente de 10% le prix d'achat de l'amoxicilline. En échange, les laboratoires se sont engagés à fournir à la France un volume d'antibiotique plus important que l'année précédente.
Lorsque "Cash Investigation" a demandé à GSK s'ils avaient réussi à respecter leur engagement de production en échange de cette hausse des prix, la multinationale a déclaré ne pas être en mesure de répondre. Et n'a pas accepté les demandes de tournage dans l'usine ni d'interview. Mais Marie-Stella, une journaliste de l'équipe du magazine, a pu filmer dans cette usine de Mayenne, avec une caméra cachée. Elle s'est fait embaucher en janvier 2024 sur les lignes de contrôle de la production, ou plutôt de contrôle des emballages des flacons d'amoxicilline. La journaliste a alors découvert que ces flacons n'étaient pas destinés à la France, mais à un autre client de GSK : le Japon. Car l'usine produit des antibiotiques pour plus de 110 pays.
De 10% à 15% de la production à la poubelle ?
Le pays du Soleil levant semble être un client "très exigeant" en ce qui concerne l'emballage des médicaments. Selon la formatrice de GSK qui encadre Marie-Stella, "il faut que tout soit parfait". De petits défauts esthétiques à peine visibles, comme une étiquette froissée ou écornée, voire une légère imperfection sur le verre du flacon, suffisent à le retirer de la ligne de production, alors que le médicament à l'intérieur, lui, ne présente pas de défaut. Contrairement aux consommateurs européens, ces détails "peuvent interpeller un futur patient japonais ; avec sa culture, ce n'est pas acceptable… [Les flacons] seront mis à la poubelle !" En à peine une heure, Marie-Stella a dû retirer de la ligne de production une cinquantaine de flacons, de même que sa collègue. Selon le responsable de la formation GSK, les contrôleurs de la production risquent de “mettre de côté environ 10 à 15% de la production".
Pourquoi la France n'a-t-elle pas pu récupérer ces médicaments dont le Japon ne voulait pas ? Rappelons qu'à l'instar de nombreux pays, elle faisait face, à cette période-là, à une grave pénurie d'amoxicilline, et que l'antibiotique, à l'intérieur des flacons, ne présentait, lui, aucun problème. D'après nos informations, des milliers de flacons d'amoxicilline ont été jetés par GSK en 2024 pour de simples défauts esthétiques sur l'emballage.
GSK ayant refusé la demande d'interview de "Cash Investigation", la réalisatrice du documentaire Julie Lotz a questionné le laboratoire par courriel sur ces milliers de flacons jetés. Le géant pharmaceutique a affirmé ne pas savoir à quoi le magazine faisait référence. Notre équipe a soumis cette révélation à Grégory Emery, le directeur général de la santé, numéro 2 du ministère de la Santé. Il explique ne pas être au courant de ces faits précis. S'il en avait été informé, il aurait demandé au laboratoire d'alimenter le marché français avec ces produits, assure-t-il.
Extrait de "Pénuries de médicaments : les labos font-ils la loi ?", un document de Julie Lotz à voir dans "Cash Investigation" le 9 janvier 2025.
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