: Vidéo "Ça fait des années que je le fais" : un policier acheté par l'argent des narcotrafiquants témoigne dans "Complément d'enquête"
En première ligne dans la lutte contre le narcotrafic, les fonctionnaires de police représentent des cibles de choix pour des réseaux prêts à payer cher pour protéger leur business. Même si les enquêtes sur les policiers véreux ont presque doublé en un an, la corruption passe très souvent sous les radars. Voici un témoignage rare dans cet extrait de "Complément d'enquête".
Il aura fallu des mois aux journalistes de "Complément d'enquête" pour convaincre ce policier de témoigner. Car ce qu’il raconte dans cet extrait d'un document à voir le 25 septembre 2025 pourrait lui coûter son poste et dix ans d’emprisonnement.
Sous couvert d'anonymat, il reconnaît accepter de l’argent du crime organisé depuis des années. Selon lui, "personne ne se doute" de ses agissements, car il affirme avoir "toujours eu de bons rapports avec [s]a hiérarchie", et avoir "toujours été un fonctionnaire exemplaire".
Il double son salaire en renseignant des détenus
Comment en est-il arrivé à apporter son aide à des réseaux de narcotrafiquants ? Au commencement, des fins de mois difficiles, et un gardien de prison parmi ses relations qui lui propose de l'aider à les arrondir.
Comment ? En fournissant, contre rémunération, certaines informations confidentielles à des détenus liés au trafic de stupéfiants. Leurs réseaux sont prêts à payer, parfois très cher, pour connaître à l'avance la date d'une perquisition ou savoir qui a été placé sur écoute.
"Disons que j'ai ma clientèle, une vingtaine de personnes qui ont une place importante dans le narcotrafic. Au début, je demandais 200 euros, et après, au fil du temps, 400, 500 euros."
Un policier qui témoigne anonymementdans "Complément d'enquête"
Les renseignements que ce policier fournit à sa "clientèle" lui rapporteraient au total 2 000 euros par mois, presque autant que son salaire de fonctionnaire de police.
Comment procède-t-il ? Le policier raconte comment, discrètement, il se renseigne auprès de ses collègues pour obtenir des informations cruciales sur les enquêtes en cours. Conscient de faciliter ainsi le narcotrafic, il dit ne pas s'inquiéter pour sa propre sécurité : "Ils ne savent pas qui je suis, ils ne savent pas où j’habite. On ne peut pas m’identifier, et je change régulièrement de puce et de téléphone." Sa hiérarchie non plus n'a jamais identifié l'auteur de ces fuites : il affirme ne jamais avoir été contrôlé.
Combien de fonctionnaires de police corrompus ?
Comment estimer le nombre de fonctionnaires de police corrompus ? "Complément d'enquête" a pu consulter un rapport de la Direction nationale de la police judiciaire. Il alerte sur les menaces liées au trafic de stupéfiants, en dressant un tableau de la corruption privée et publique, avec des exemples de rémunération. Les policiers toucheraient entre 300 et 500 euros par fichier consulté. Le dernier rapport de l’IGPN, la police des polices, révèle, lui, que le nombre de cas de corruption d’agents a presque doublé entre 2021 et 2022, avant une légère baisse en 2023.
Extrait de "Police, justice : où sont les nouveaux ripoux ?", à voir dans "Complément d'enquête" le 25 septembre 2025.
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