: Vidéo Quand la SNCF envoie ses TGV à la casse… et que cette pénurie fait grimper le prix des billets
"C'est un paquet de millions qui est garé là", fait remarquer une économiste spécialiste du secteur ferroviaire devant un incroyable site. Un cimetière de TGV… dont certains en état de rouler encore des années, affirme-t-elle dans cet extrait de "Complément d'enquête". En envoyant à la casse des dizaines de rames, la SNCF aurait-elle profité d'une pénurie de places pour améliorer sa rentabilité ?
Patricia Pérennes est économiste des transports, elle a travaillé trois ans au sein de la SNCF. "Complément d'enquête" l'a accompagnée sur un site incroyable : un cimetière de TGV. A perte de vue, des dizaines de rames, en attente d'être démantelées. Impressionnant... surtout "quand on sait qu'une rame, à l'époque, c'était 20, 23, 25 millions... Maintenant, c'est 30, 40 millions", précise l'ancienne salariée. C'est "donc un gros paquet de millions qui est garé là".
Des millions d'euros, mais aussi des centaines de sièges perdus pour les voyageurs. Car un grand nombre de ces trains aurait pu continuer à rouler pendant encore des années, soutient l'économiste, photos et documents à l'appui. Dans ce "cimetière" sont venues en particulier échouer des rames Atlantique, qui desservaient Nantes, Rennes ou encore Bordeaux. Les éléments dont dispose Patricia Pérennes (numéro du train, date de mise en service, date de radiation) montrent que "toutes les Atlantique qui ont été radiées avaient 25 ans pour les plus jeunes, 30 ans pour les plus âgées". La durée de vie, "pour un train, en général, c'est plutôt 35, 40 ans, précise-t-elle. 25 ans, c'est franchement jeune." Quoi qu'il en soit, filmer ces trains mis hors d'usage ne semble pas du goût de la SNCF (plus exactement de sa filiale SNCF Voyageurs). Un salarié du site avertit les journalistes qu'il a appelé la police...
Combien de TGV encore en bon état ont-ils été mis au rebut ?
Il y a deux ans, Patricia Perennes a entamé un travail de fourmi pour répertorier tous ces TGV abandonnés. En recroisant les données de différentes sources, elle constate que le parc français "est passé de 482 à 376 rames". Selon ses calculs, il y aurait 106 rames en moins entre 2012 et 2023, et environ 14% de sièges en moins, soit 30 000au total.
Des milliers de sièges manquants, d'où des "difficultés à trouver de la place, remarque-t-elle, et quand il y a des places, elles sont plus chères." En effet, quand la demande est forte et que les sièges manquent, les prix des billets s'envolent. Du fait du système de tarification par yield management (calqué sur le modèle des compagnies aériennes), ils augmentent automatiquement à mesure que le train se remplit. Résultat : des TGV bondés (occupés à 87%, contre 61% en 2015), où les places sont rares et chères en période de pointe.
Pour justifier la mise au rebut de ces rames, la SNCF argue notamment d'une crise de la fréquentation dans les années 2010. Mais alors, pourquoi cette pratique a-t-elle continué quand le nombre de voyageurs est reparti à la hausse de manière constante ? Le groupe souligne que la mise en circulation de trains à étage a permis de proposer plus de places, et précise que l'offre de sièges a augmenté de 10% ces cinq dernières années. Il y a aussi ces 100 TGV nouvelle génération dont l'achat a été annoncé en 2018... mais certains ne seront livrés qu'en 2028, pour cause de retards de construction. Et puis, qui dit plus de places disponibles ne dit pas forcément billets de train moins chers...
Extrait de "SNCF : quand les prix déraillent !", à voir dans "Complément d'enquête" le 13 février 2025.
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