Vidéo "Si un compte influent parlait mal du PSG, ils voulaient le dégommer". Dans "Complément d'enquête", le témoignage d'un responsable de l'"armée numérique" au service du PSG

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Article rédigé par France 2
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Jusqu'où peut aller le PSG pour défendre sa réputation ? En exclusivité dans "Complément d'enquête", l'ancien responsable d'une "armée numérique" basée en Tunisie raconte des coups de pression très organisés. Que savait le tout-puissant président du club, Nasser Al-Khelaïfi, de ces campagnes de harcèlement en ligne ?

"Il y avait une volonté qu'on parle toujours bien du PSG. Si un compte influent parlait mal du PSG, ils voulaient le dégommer". Ces mots sont ceux du responsable d'une "armée numérique" au service de la réputation du PSG, qui témoigne à visage masqué dans "Complément d'enquête". Basée en Tunisie dans les bureaux de l'agence UReputation, cette armée numérique employait une soixantaine de petites mains pour des campagnes de dénigrement ou de harcèlement en ligne contre des médias, des supporters, et même des joueurs du club...

C'est un journaliste de Mediapart, ciblé en 2918 après un article sur l'utilisation du fichage ethnique par le PSG, qui avait le premier révélé l'existence de cette armée numérique. Yann Philippin avait alors dévoilé un rapport de 50 pages adressé par la société DBB (la maison mère de l'agence UReputation) à la direction du PSG... et dont l'auteur n'est autre que notre témoin masqué. Le ton y est martial : il faut "infiltrer", "neutraliser", le mot "armée" revient même quatorze fois. Le document expose une "stratégie travaillée avec l'équipe communication du PSG". Les attaques menées par Paname Squad y sont détaillées par le menu, statistiques à l'appui. 

Des attaques contre Kylian MBappé, Adrien Rabiot... et leur entourage

Ces attaques n'épargnent pas même les joueurs du club ni leur entourage. Taclé par exemple, l'attaquant star Kylian MBappé lorsqu'il laisse planer le doute sur son envie de rester au PSG. Son père, accusé de faire monter les enchères sur le futur contrat de son fils, est également ciblé.

Adrien Rabiot fait lui aussi partie des victimes. "Il était demandé de mettre la pression sur les joueurs au moment des renégociations de contrats", explique notre témoin. "Rabiot, le problème dans la renégociation, c'était sa mère [également sa conseillère, elle refuse de voir prolongé le contrat de son fils avec le PSG, ce qui aurait mis Nasser Al-Khelaïfi très en colère], donc le but était de nous dire (...) qu'il fallait lui mettre un petit coup de pression, en tout cas le faire mal aimer des supporters." 

Mère et fils vont alors subir pendant des mois une campagne de dénigrement orchestrée par Paname Squad, mais aussi par une multitude de faux comptes, créés de toutes pièces par l'armée numérique. Sur Twitter, les propos sont violents : "On n'oubliera pas, sale traître" ; "Lui, il faut le brûler"... "C'est des gars qui aiment le PSG, qui travaillent pour une institution, justifie leur ancien chef. Travailler pour le PSG, pour n'importe qui, c'est quand même un truc de ouf. Ça fait rêver."

Que savait Nasser Al-Khelaïfi de cette armée numérique ?

Dans cette affaire d'armée numérique, quel était le niveau de connaissance et le degré d'implication de Nasser Al-Khelaïfi ? Une note des services de police relate des échanges WhatsApp entre le patron du PSG et son ancien directeur de la communication, Jean-Martial Ribes. Et deux mois avant le début de la collaboration entre le club et l'agence UReputation, "NAK" semblait très bien informé...

Selon cette note, "Jean-Michel Ribes écrit à Nasser Al-Khelaïfi qu'il souhaite mettre en place une stratégie de communication" (comprenant des "attaques sur Twitter et Instagram"). "Il ajoute que c'est comme construire une armée de l'ombre sur internet" et qu'"il a besoin du digital pour se battre. (...) Quand tout sera prêt, il viendra lui faire approuver l'ensemble, car il aura besoin d'un financement."

Un financement approuvé par le président du PSG qui, selon les informations de "Complément d'enquête", aurait même traité en direct avec Lotfi Bel Hadj, le grand patron de l'agence de communication qui pilotait le compte Paname Squad. Des rencontres se seraient tenues dans un palace appartenant au Qatar, au Royal Monceau. Notre témoin affirme que "l'actionnaire de UReputation et Nasser ont souvent discuté ensemble" et "se connaissaient".

    Nasser Al-Khelaïfi n'a jamais été inquiété dans cette affaire, qui laisse apparaître une face plutôt sombre… Lors d'une affaire de harcèlement en ligne visant un supporter, la direction du club avait démenti par communiqué en être à l'origine.

      Extrait de "Pouvoir, scandale et gros sous : les hors-jeu du PSG", à voir dans "Complément d'enquête" le 27 mars 2025.

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