Vidéo Cours de démographie ou "lavage de cerveau" ? La Corée du Sud compte sur les 8-10 ans pour relancer une natalité en berne

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Article rédigé par France 2
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C'est le pays au monde qui fait le moins d'enfants. Face à une chute spectaculaire du nombre des naissances, certaines villes de Corée du Sud tentent de mobiliser la jeune génération dès l'école primaire. "Envoyé spécial" a assisté à un "cours de démographie" destiné à une classe de CE2.

Imaginez un pays où, pendant des heures, on ne croise aucun enfant dans la rue... En Corée du Sud, l'effondrement de la natalité prend des proportions inquiétantes. Le taux de fécondité est le plus bas de la planète : 0,75 enfant par femme, bien loin du seuil de renouvellement des générations (2,1). 

Avec un système de retraite et une croissance économique en sursis, c'est une nation tout entière qui a l'impression de se tenir au bord du précipice. Avant sa destitution, au printemps 2025, le président de la République conservateur – lui-même sans enfant – avait tiré la sonnette d'alarme sur "une urgence nationale".

Alors la mobilisation commence... par les enfants qui restent, comme à Seongnam, au sud-est de la capitale Séoul. Tous les élèves, de l'école primaire au lycée, ont droit à des "cours de démographie" mis en place par la mairie. "Envoyé spécial" a pu filmer l'un de ces cours dans une classe de CE2.

"Si la population baisse, la Corée peut disparaître."

Park Ra-on, 8 ans, élève de CE2 à Seongnam, Corée du Sud,

dans "Envoyé spécial"

Ces enfants se sentent-ils concernés par le sujet ? Park Ra-on, élève de 8 ans, se dit inquiète à l'idée que son pays puisse disparaître. De fait, la population, aujourd'hui de 51 millions d'habitants, décroît nettement depuis 2020 et les projections estiment que dans une cinquantaine d'années, elle pourrait s'affaisser jusqu'à 36 millions. Mais il s'agit moins d'alerter les enfants que de les préparer à remédier à la crise démographique.

L'enseignant leur propose ainsi un quiz imaginé par la municipalité, où la population augmente ou diminue en fonction de leurs choix. Exemple : "L'entreprise de vos rêves vous propose d'aller travailler à l'étranger, alors que vous devez vous marier. Réponse A : Quelle opportunité, je pars ! Réponse B : J'ai quelqu'un que j'aime, je préfère me marier." Le formateur ne cache pas sa préférence pour la réponse "B", qui ferait augmenter la population de 50 000 habitants : "Est-ce que ce n'est pas mieux, quand on est amoureux, de se marier tout de suite ? Parce que c'est comme ça qu'on peut avoir une famille qu'on aime, et qui est toujours là pour nous."

"Les enfants de 8, 10 ans, ils sont encore très malléables. Quand on leur dit que donner la vie, la famille, c'est important, ils l'intègrent, et il se construisent avec cette idée."

Lee Yoon-ho, formateur en démographie pour la ville de Seongnam,

dans "Envoyé spécial"

Ces questions sont-elles vraiment adaptées à un public aussi jeune ? Lee Yoon-ho, le formateur, trouve que ces petits élèves ont "l'âge idéal". "Après, quand ils deviennent adolescents, au collège ou au lycée, ils ont tendance à être beaucoup plus difficiles à convaincre, déplore-t-il. Il y a même des élèves qui me disent 'Vous essayez de nous laver le cerveau ?'..." La tendance risque en tout cas d'être difficile à inverser, car plus de 40% des Sud-Coréens en âge de procréer disent ne pas vouloir d'enfant…

Extrait de "Corée du Sud : un pays en mal d’enfants", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 18 septembre 2025.

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