: Vidéo "Je me suis pas cassé la tête" : Yanis a acheté illégalement son examen du code pour pouvoir passer le permis
Depuis que l'examen théorique du permis de conduire a été privatisé, en 2016, les fraudes se sont multipliées. Aujourd'hui, près 4 codes de la route sur 10 obtenus chaque année seraient illicites. Yanis, 21 ans, a acheté le sien. Représente-t-il un danger au volant ? "Envoyé spécial" a testé son niveau.
C'est la première étape du permis de conduire. De plus en plus complexe, le code de la route reste l'examen le plus passé en France, mais il est aussi devenu… celui où l'on triche le plus. Désormais, près de 40% des codes délivrés chaque année seraient frauduleux. Témoignage, dans cet extrait d'une enquête d'"Envoyé spécial", sur un système qui ne tient plus la route.
Yanis, 21 ans, conduit tous les jours pour aller au travail. Il détient un permis de conduire en bonne et due forme, mais son code de la route, il l'a acheté illégalement il y a deux ans. Il voulait son permis "le plus rapidement possible", et certaines questions "vraiment compliquées" lui "prenaient la tête". Alors, contre 500 euros payés en liquide au centre d'examen, il a obtenu le diplôme sans même tenter de le passer. Aussitôt, il s'est inscrit dans la première auto-école venue, où personne ne s'est douté de rien, selon lui. Deux jours plus tard, il a commencé les cours de conduite, et cinq mois après, a décroché le permis du premier coup. Les autorités n'ont aucun moyen de savoir qu'il a acheté son code.
Là où il habite, Yanis n'est pas le seul, affirme-t-il : "Dans le quartier, ils ont tous acheté le code. Il y en a deux ou trois sur une vingtaine qui l'ont vraiment passé. C'est devenu banal, tout le monde l'achète." Comment fait-il quand il tombe sur un panneau de signalisation inconnu ? "Si je suis avec quelqu'un qui connaît le code de la route, je lui demande. Sinon, je conduis doucement, je fais comme si de rien n'était."
Largement recalé au test, avec 17 bonnes réponses sur 40
Yanis n'a aucune conscience du danger qu'il peut représenter. Alors "Envoyé spécial" a voulu tester son niveau. La journaliste l'installe devant une série d'exercices... dont il ne comprend pas toutes les questions. Résultat : avec 17 bonnes réponses sur 40, il serait largement recalé. Pourtant, selon lui, il "ne représente aucun risque sur la route".
Ces apprentis conducteurs ayant acheté leur code sont de plus en plus nombreux, s'alarme un moniteur d'auto-école qui témoigne dans "Envoyé spécial". Mais lorsqu'il fait part de ses soupçons à un inspecteur, il s'entend répondre que son auto-école n'est pas responsable, puisqu'on lui présente un document valide. Pas de quoi le rassurer : "Il y a certainement des accidents qui sont provoqués par des gens qui ne maîtrisent pas les situations de conduite." Selon lui, "on n'aurait jamais dû privatiser".
C'est en effet depuis la privatisation de l'épreuve du code, en 2016, qu'une fraude massive s'est développée. Sur les réseaux sociaux, les offres se multiplient. Partout en France, des gérants de centres d'examen peu scrupuleux le passent à la place des candidats et leur vendent le précieux sésame pour le permis. Les fraudeurs s'exposent à un retrait du code et du permis, mais risquent aussi jusqu'à 30 000 euros d'amende, 2 ans de prison et 5 ans d'interdiction de repasser l'examen.
Extrait de "Code : le permis de tricher ?", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 27 mars 2025.
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