: Vidéo "Emmaüs, ils ont laissé faire, ils ont fabriqué des victimes", accuse Pascale, agressée sexuellement par l'abbé Pierre dans son bureau d'Esteville
De combien d'agressions sexuelles l'abbé Pierre s'est-il rendu coupable ? Un tout récent rapport fait état de neuf nouvelles accusations. Pascale, elle, fait partie des victimes recensées en septembre 2024. Aujourd'hui, elle veut comprendre comment le prêtre a pu agir si longtemps impunément. Elle a accepté la présence d'"Envoyé spécial" lors d'une rencontre avec des dirigeants d'Emmaüs France.
"C'est une histoire qui est marquée dans mon corps. J'ai les sensations, j'ai les odeurs, et ça, c'est bouleversant. Ça n'aurait jamais dû m'arriver." L'histoire de Pascale fait partie des révélations qui ont fait chuter de son piédestal la figure emblématique de l'abbé Pierre, en septembre 2024.
Gravement brûlée pendant sa petite enfance, Pascale a connu une jeunesse difficile. A 22 ans, alors qu'elle risque de se retrouver à la rue, elle sollicite l'aide de l'abbé Pierre. Celui-ci, 83 ans à l'époque, répond à son appel. Pascale affirme qu'il l'a agressée sexuellement à plusieurs reprises. Hantée par cette histoire depuis trois décennies, elle veut aujourd'hui comprendre comment le prêtre a pu agir en toute impunité pendant si longtemps.
"Le silence a fait que nous, on est devenues des victimes, parce qu'on n'a pas été protégées par Emmaüs."
Pascale, l'une des accusatrices de l'abbé Pierre,dans "Envoyé spécial"
Pascale a donc décidé de rencontrer des dirigeants d'Emmaüs, comme l'association fondée par l'abbé Pierre le propose à celles de ses victimes qui ont choisi de témoigner (neuf autres femmes ont entrepris cette démarche). Elle a accepté la présence d'une équipe d'"Envoyé spécial" lors de ce rendez-vous, qui s'est tenu dans les locaux du cabinet Egaé, missionné par Emmaüs pour enquêter sur les agissements de l'homme d'Eglise.
Jean-Pierre Girard, l'un des deux élus du conseil d'administration d'Emmaüs France qui se sont portés volontaires pour la rencontrer, commence par lui adresser des excuses au nom de l'association : "Les bénévoles, les compagnons, les salariés, tout le monde a été choqué, attristé, voire en colère", assure-t-il. Mireille Bucher, la seconde volontaire, se dit particulièrement affectée "en tant que femme".
Que savait-on au juste à Emmaüs ?
Une forme de reconnaissance de ses souffrances que Pascale juge certes "louable", mais qui ne répond pas à certaines des questions qui la hantent : est-ce qu'Emmaüs était au courant ? (ce dont elle reste persuadée.) Est-ce que l'abbé Pierre a été protégé ?
Et Pascale rappelle son histoire, les circonstances qui l'ont poussée à contacter l'abbé Pierre, sa surprise lorsque celui-ci a répondu à son appel : "Du haut de mes 22 ans, s'exclame-t-elle, c'était incroyable que l'abbé Pierre s'intéresse à mon histoire !" Elle accepte donc son invitation à le rejoindre à la communauté d'Esteville, en Haute-Normandie. Mais là-bas, l'impensable se produit.
"J'ai été agressée, physiquement, sexuellement, par cet homme, parce que j'étais toute seule dans son bureau [dans le cadre d'un entretien quotidien]. Emmaüs, ils ont laissé faire, ils ont fabriqué des victimes !"
Face à sa colère, Jean-Pierre Girard admet qu'"il est probable, et peut-être même certain, qu'il y a des responsables d'Emmaüs, à une époque, qui le savaient. Mais le commun des mortels d'Emmaüs ne le savait pas", assure-t-il.
Pour faire toute la lumière sur les responsabilités de l'entourage de l'abbé Pierre, Emmaüs a missionné un groupe d'experts indépendants. Composé d'historiens et de sociologues, il va enquêter pendant deux ans.
Extrait de "Les démons de l'abbé Pierre", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 16 janvier 2025.
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