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Vidéo Grands crus, grande misère

Publié le 26/10/2023 22:23

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Pour faire les vendanges dans le Médoc, de nombreux viticulteurs font appel à des sociétés prestataires qui embauchent une main-d'œuvre saisonnière souvent venue de l'étranger. Des emplois éreintants, et surtout précaires, qui ne reflètent en rien le luxe des grands crus.

A Margaux, Saint-Estèphe ou Pauillac, dans le Médoc, les vignes ont structuré le paysage. Leurs appellations, connues dans le monde entier, ont fait de la région un fleuron du luxe à la française. Les grands crus appartiennent presque tous soit à des grandes familles, soit à des géants de l'industrie du luxe ou à des assurances : Rothschild, Pinault, Bouygues, Axa ou encore Allianz…

Première étape de la confection de ces vins d'exception, les vendanges qui débutent à la mi-septembre. Une armée de l’ombre embauche alors chaque jour à l’aube jusqu'à la fin de la récolte. Chaque année, des saisonniers roumains, bulgares, portugais ou espagnols fourmillent ainsi dans les vignes aux côtés de gens du voyage. Des milliers de petites mains que les châteaux préfèrent garder cachés…

Un couloir de pauvreté sur la prestigieuse "route des châteaux"

La majorité des viticulteurs ont recours à une main-d'œuvre étrangère pour ces emplois éreintants et précaires, parfois avec des conditions de travail très pénibles et des logements indécents. La plupart du temps, le propriétaire du château paie à une société prestataire un forfait pour lui fournir, clés en main, une équipe d’ouvriers embauchés avec un contrat journalier et un salaire horaire au smic. Il y a vingt ans, les prestataires de ce type n’étaient qu’une poignée dans la région ; aujourd’hui, on en compterait plus de 400.

Entre missions saisonnières et temps partiels, comme l'a montré une étude de l'INSEE, le secteur viticole a engendré un couloir de pauvreté tout le long de l’estuaire de la Gironde. Dans le Médoc, ce couloir se superpose à celui des crus les plus prestigieux. La vigne a ainsi contribué à faire de la Gironde le territoire le plus pauvre d’Aquitaine.

Un reportage de Julien Fouchet, Victor Di Bartolo, Floriane Chaume, Fabrice Fuzillier et Pascal Drapier diffusé dans "Envoyé spécial" le 26 octobre 2023.

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