Vidéo Locations sur Airbnb détournées à des fins de prostitution : le propriétaire peut être condamné pour proxénétisme

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Article rédigé par France 2
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Votre appartement mis en location sur Airbnb ou Booking hébergerait-il des prostituées ? Une mésaventure qui n'a rien d'impossible, car les plateformes de location de courte durée sont infiltrées par des réseaux de prostitution. Extrait d'un reportage d'"Envoyé spécial".

Votre appartement mis en location sur des plateformes comme Booking ou Airbnb transformé en lieu de passe ? Un peu partout en France, des logements de particuliers se voient infiltrés par des réseaux de prostitution. Les locations de courte durée offrent une certaine discrétion, d'où une forte augmentation de cette forme d'exploitation de la prostitution. C'est ce que constatent les agents de l'OCRTEH (Office central pour la répression de la traite des êtres humains). En 2017, elle représentait la moitié des affaires qu'ils traitaient, contre 85% aujourd'hui.

Depuis que la prostitution quitte peu à peu la rue, c'est sur internet que ses enquêteurs pistent les réseaux de proxénétisme, à partir des sites d'escort. Leur travail combine "une surveillance téléphonique de la prostituée implantée dans un appartement en location de courte durée, qui va recevoir toute la journée des SMS de clients potentiels auxquels elle va répondre" et "une surveillance physique pour confirmer avec des photographies ce que l'on constate sur les écoutes téléphoniques".

Ces enquêtes ne ciblent pas les prostituées, mais les réseaux dont elles sont les victimes : "A partir d'un appartement à visée prostitutionnelle, poursuit l'agent interviewé par "Envoyé spécial", vous pouvez rebondir sur 2, 3, 10, 15 (autres)", et éventuellement "établir un réseau très important".

Jusqu'à 10 ans d'emprisonnement

Et les propriétaires de ces appartements, que risquent-ils devant la justice ? La plupart sont de bonne foi et "tombent des nues en constatant qu'il y a une activité prostitutionnelle dans leurs locaux". Mais ceux qui louent leur appartement en connaissance de cause pour maximiser leurs gains tombent "sous le coup du proxénétisme" – défini notamment par le fait d'aider la prostitution d'autrui et d'en tirer profit. Le Code pénal prévoit pour ce délit une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans d'emprisonnement, et 750 000 euros d'amende.

Dans les faits, il est souvent difficile d'établir la complicité du bailleur. "Envoyé spécial" a rencontré, à Metz, un des rares propriétaires condamnés pour proxénétisme. Interrogés par la police, qui surveillait discrètement l'appartement depuis plusieurs années, certains de ses locataires ont déclaré "qu'il était au courant que c'était une location pour la prostitution, que cela ne le dérangeait pas", mais "qu'il ne voulait pas avoir d'histoires, qu'il ne fallait pas faire de bruit".

Ce propriétaire qui a mis quatre appartements en location sur Airbnb et Booking se dit "abasourdi" d'être mis en cause pour proxénétisme. Il affirme avoir pris des mesures après certaines plaintes des voisins, mais n'avoir "jamais eu la preuve que ces lieux servaient à la prostitution". Sa défense n'a pas convaincu le tribunal, qui l'a condamné à 20 000 euros d'amende, une peine confirmée en appel.

Extrait de "Chérie, il y a une prostituée dans notre lit !", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 17 avril 2025.

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