Vidéo "Vous avez mis en moi tant de souffrances" : au procès Le Scouarnec, la libération pour l'une de ses victimes, et un espoir pour de nombreuses autres

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Article rédigé par France 2
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"J'ai besoin qu'il reconnaisse les faits pour me reconstruire vraiment, d'être reconnue en tant que victime, mais j'ai peur que ça ne se passe pas comme ça", avait-elle confié à "Envoyé spécial" avant l'audience. Depuis cinq ans, Amélie attendait des aveux de Joël Le Scouarnec. L'ex-chirurgien l'avait opérée à l'âge de 9 ans, mais niait l'avoir violée. Le 7 mars 2025, elle a pu se confronter au pédocriminel.

C'est un tournant dans le procès Le Scouarnec. L'ex-chirurgien jugé pour des "viols aggravés" et "agressions sexuelles aggravées" sur 299 victimes présumées, pour la plupart mineures, reconnaît des crimes qui ne sont pas consignés dans ses carnets, où il a répertorié plus de trente années d'actes pédocriminels.

Amélie Lévêque a été opérée d'une appendicite à l'âge de 9 ans. Seuls son prénom, ses coordonnées et l'évocation d'un regard sur ses parties intimes était mentionnés dans les fichiers de Joël Le Scouarnec. Aujourd'hui quadragénaire, elle attendait depuis cinq ans qu'il reconnaisse le viol dont elle l'accuse. L'avocat de l'ex-chirurgien avait réclamé un non-lieu pour son cas, faute de preuves suffisantes. A l'audience du 7 mars 2025, elle s'est confrontée au pédocriminel.

"Vous m'avez violée alors que j'étais une petite fille de 9 ans tellement joyeuse, pleine de vie, pleine de rêves, a-t-elle accusé, s'adressant directement à Joël Le Scouarnec. Et vous avez mis en moi tant de souffrances, de troubles, de phobies inexpliquées et enfouies... J'ai choisi de réveiller ces douleurs, de revivre ce viol. Je vous demande de me redonner ma joie de vivre, parce que j'en ai vraiment besoin pour continuer."

"Il a eu les mots que j'attendais"

Joël Le Scouarnec a-t-il été "touché" par "le courage, l'implication de cette victime", comme le pense son avocat ? Ce 7 mars, il répond qu'il ne "remet pas en doute les souvenirs qu'elle a eus, ne les conteste plus". "Je mesure la dévastation, l'ampleur de son désarroi lié à ce que j'ai fait", prononce-t-il, abattu.

A la sortie de l'audience, l'avocat souligne cette avancée, "preuve que la justice sert à quelque chose". Soulagée d'avoir obtenu "les mots qu'[elle] attendait", Amélie Lévêque se serre dans les bras de ses proches. Elle se sent "vide, mais libre. Vraiment libre", confie-t-elle dans un sourire.

Pour les victimes comme Amélie, simplement mentionnées dans les fichiers de Joël Le Scouarnec, c'est un espoir, mais aussi pour de nombreuses autres, car le chirurgien a détruit deux ans de carnets. Un troisième procès pourrait avoir lieu. Pour celui qui se tient à Vannes, Joël Le Scouarnec encourt jusqu'à vingt ans de prison.

    Extrait de "Affaire Le Scouarnec : un silence coupable ?", un reportage à voir dans "Envoyé spécial" le 20 mars 2025.

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