: Vidéo En Pologne, la forêt primaire de Białowieża, intacte depuis 10 000 ans, est le refuge des bisons d'Europe

A l’est de la Pologne, le bison d’Europe, mammifère rescapé des temps préhistoriques, a trouvé un sanctuaire où couler des jours heureux. A l’orée de Białowieża, la dernière forêt primaire du continent européen, Rafal Kowalczyk, professeur à l'institut des mammifères de l'Académie des sciences de Pologne, ne se lasse pas de les observer. "C’est spectaculaire ! J’aime les regarder dans la brume au lever du soleil. Parfois, cette brume est rouge ou orange. Il y a de la vapeur qui s’échappe d’eux parce qu’ils sont gros, ils produisent beaucoup de chaleur. C’est le plus grand mammifère terrestre en Europe, un bison mâle peut peser jusqu’à 840 kilos ! Dans le passé, quand ils sortaient de la forêt dans les clairières, ils étaient poursuivis, déplacés et souvent abattus, donc on a de la chance de pouvoir les voir aujourd’hui."

Dans les années 1920, l’espèce avait effectivement disparu à l’état sauvage. Le dernier bison sauvage d’Europe avait été tué et seulement quelques spécimens survivaient en captivité, avant d’être progressivement réintroduits à partir des années 1950. "Ce sont les vestiges de la mégafaune légendaire qui peuplait l’Europe. Il y avait des mammouths, des rhinocéros laineux, des cerfs géants, des chevaux. Et ils ont tous disparu. Le bison, lui, a survécu", raconte le scientifique.

1 600 bisons en liberté dans la forêt de Białowieża

Si le spectacle de ces géants à bosse évoluant en liberté dans une nature d’un autre temps attire des dizaines de milliers de touristes chaque année, les animaux dépendent encore un peu des humains, notamment l’hiver quand la nourriture se fait rare. Rafal Kowalczyk souhaite aujourd’hui les rendre complètement autonomes pour assurer leur protection : "Nous devons introduire une gestion du bison davantage fondée sur la science. Ils ont besoin d’un paysage en mosaïque : pas seulement des forêts, il leur faut des prairies aussi, où ils peuvent trouver de la nourriture, même en hiver."

La forêt de Białowieża, à cheval sur la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, compte désormais près de 1 600 bisons, dont plus de la moitié côté polonais. Pourtant, d’après les recherches du professeur Kowalczyk, le mammifère n’est pas adapté pour vivre en forêt : "Les bisons vivaient davantage dans des habitats ouverts et ils se sont adaptés. Les forêts comme celle de Białowieża sont devenues un refuge pour cette espèce où elle a pu survivre, éviter la pression humaine et l’impact humain."

Si les bisons ont pu s’adapter à Białowieża, c’est parce qu’elle est unique sur le continent. C’est la dernière étendue de forêt primaire d’Europe classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Un massif formé il y a 10 000 ans lors de la dernière glaciation, jamais exploité par l’humain et resté intact malgré la révolution industrielle, deux guerres mondiales et 70 ans de communisme.

Extrait de "Forêts primaires, les derniers sanctuaires", diffusé dans "Nous, les Européens".

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