Chef de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas finance-t-il les familles de terroristes ?

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Article rédigé par franceinfo - L. Szulewicz, D. Drouineau, A. Belderain, A. Cosqueric - Édité par l'agence 6Médias
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Le 22 septembre, Emmanuel Macron annonçait la reconnaissance de l’État de Palestine par la France. Une décision historique, saluée par certains, critiquée par d'autres, en raison des zones d’ombre entourant l’Autorité palestinienne. Financement du terrorisme, liens controversés : que sait-on vraiment ?

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour le regarder en intégralité.

Alors que la France a officiellement reconnu l'État palestinien, le dirigeant de l'Autorité palestinienne est pointé du doigt. "Le gentil Mahmoud Abbas, faut pas oublier, dès qu'il y a un terroriste, un kamikaze, quelqu'un qui se fait tuer au combat ou qui se fait sauter, il pensionne la famille à vie, comme un encouragement", s'insurge Bernard-Henri Lévy, écrivait et philosophe français. Alors, l'Autorité palestinienne finance-t-elle des familles de terroristes ?

Pour comprendre cette accusation, il faut revenir à la fin des années 1960. À cette époque, un fonds pour les martyrs de l'Autorité palestinienne est créé. Il se développe, financé par l'Autorité palestinienne, et comprend un fonds pour le soutien aux familles de martyrs et un fonds pour le soutien aux prisonniers. Et chaque mois, ces familles perçoivent bien une somme d'argent. "La famille de chaque Palestinien tué par Israël reçoit une pension mensuelle de 350 dollars, 100 dollars de plus s'il laisse une veuve, et 50 dollars de plus par enfant", indiquait en 2016 Intissar al-Wazir, ancienne directrice du Fonds des martyrs de l'Autorité palestinienne.

En 2017, les montants étaient en moyenne de 5 400 dollars par famille et par an

Quelques 183 millions de dollars ont par exemple été déboursés par l'Autorité palestinienne en 2017 pour environ 33 700 familles de martyrs reconnues, soit 5 400 dollars par famille et par an. Ces personnes considérées comme des martyrs, ce sont des Palestiniens tués dans le cadre du conflit avec Israël. Il peut s'agir de civils tués dans des bombardements ou des manifestations, ou des Palestiniens tués alors qu'ils commettaient des attaques contre Israël. Une famille est indemnisée depuis 2016. Le père d'un homme abattu après avoir poignardé à mort une jeune fille de 13 ans dans son sommeil dans une colonie juive de Cisjordanie reçoit des indemnités.

Autre exemple avec la gouverneure de Ramallah qui annonce verser 42 000 dollars à la famille de Moana Dallabi pour reconstruire leur logement détruit par l'armée israélienne. "Un grand merci à Son Excellence le président. Ses directives sur les indemnisations sont toujours claires. Nous honorons la dignité des familles des martyrs, des prisonniers et de chaque combattant de cette patrie", s'exprimait Laila Ghannam en juin 2021. En l'occurrence, en 2015, le jeune homme en question avait assassiné un rabbin et un père de famille israélien à Jérusalem.

Un changement de directives cet été

Les allocations de ces familles sont dénoncées comme des incitations au meurtre, notamment par les États-Unis et par la France. Mahmoud Abbas finit donc par y renoncer et annonce leur suppression à compter du 1er août 2025. Mais d'après certains experts, ces pensions continueraient malgré tout d'être reversées par des moyens détournés.

Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barreau, appelle donc à ce que la situation soit rapidement clarifiée. "Le paiement pour tuer a pris fin le 1er août et un audit indépendant le vérifiera prochainement", assurait-il, sur X, le 3 septembre dernier. Ce qui est sûr en tout cas, c'est que jusqu'à cet été, des pensions étaient bien versées aux familles de personnes ayant mené des attaques contre Israël.

Parmi nos sources :

    • Articles :

    Washington Post
    New York Times
    AP News(Nouvelle fenêtre)
    Times of Israel
    BBC(Nouvelle fenêtre)
    French Wafa 
    Alhaya(Nouvelle fenêtre)
    Libération 

    • Autre :

    Réseaux sociaux de la gouverneure de Ramallah Laila Ghannam.

    Liste non exhaustive

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