Attaque dans un lycée à Nantes : la situation est "hors normes", "une telle violence est exceptionnelle", affirme le chef du service psychiatrie de l'hôpital Henri-Mondor de Créteil

Le psychiatre Antoine Pelissolo estime qu'il était "impossible" d'anticiper l'attaque au couteau qui a fait un mort dans un lycée de Nantes, jeudi, "car souvent, c'est d'une heure à l'autre le déclenchement de ces crises".

Article rédigé par franceinfo
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Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, sur franceinfo, samedi 26 avril. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil, sur franceinfo, samedi 26 avril. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Antoine Pelissolo, chef du service psychiatrie de l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, dans le Val-de-Marne, juge, samedi 26 avril sur franceinfo, "hors normes en termes de pathologie" l'état psychiatrique de l'auteur de l'attaque au couteau qui a fait un mort jeudi dans un lycée privé à Nantes, en Loire-Atlantique. Selon le psychiatre, "une telle violence" de la part d'un adolescent de 16 ans "est exceptionnelle à tout âge, mais encore plus à cet âge-là". Le médecin rappelle que les "automutilations, les scarifications" que s'est infligées l'assaillant avant d'agir "est un des signes de souffrance de l'adolescence et que l'on voit de plus en plus ces dernières années".

Pour ce psychiatre, il s'agit là "d'une histoire personnelle de trouble mental grave (...), il y a une rupture de tout contact avec la réalité". "On peut penser qu'il y a un cran qui a été passé brutalement et non repéré", estime Antoine Pelissolo, même si l'adolescent avait consulté – sur demande de sa mère – à six reprises en quatre mois à la maison des adolescents de Nantes. "Ce n’est pas énorme six rendez-vous", relativise le soignant. "Ça veut dire qu'à chaque fois, il faut prendre le temps, analyser les choses, explique-t-il. Là, je pense que c'était impossible d'anticiper les choses, car souvent, c'est d'une heure à l'autre le déclenchement de ces crises."

"Une crise majeure" de la santé mentale

Concernant le manifeste de treize pages que le suspect a envoyé aux élèves de seconde du lycée juste avant de passer à l'acte, Antoine Pelissolo note qu'il s'agit d'un "discours très sombre et empreint de violence""On pourrait dire que c'est quasiment banal s'il n'y avait que ça", mais "c'est sûrement une construction très pathologique, très anormale, qui s'est construite dans son esprit", souligne le psychiatre. Il retient l'état suicidaire de l'agresseur et rappelle qu'il y a "un doublement du nombre de passages aux urgences pour des tentatives de suicide chez les jeunes""ces dernières années", mais aussi "un doublement de la prévalence, c'est-à-dire la fréquence de symptômes dépressifs au moins".

Pour mieux prendre en charge ces personnes, Michel Barnier, alors Premier ministre, avait annoncé, fin septembre, que la santé mentale serait la "grande cause nationale" de 2025. Une promesse reprise par François Bayrou à son arrivée à Matignon. "On est fin avril. Pour l'instant, on attend toujours des mesures qui concerneraient vraiment les moyens de l'offre de soins, parce qu'il y a une crise majeure qui est présente à tous les maillons de la chaîne de la santé mentale, des consultations aux conditions d'hospitalisation", affirme Antoine Pelissolo. "Tout cela est très déficitaire aujourd'hui à cause des pénuries de personnels", souligne le chef du service psychiatrie de l'hôpital Henri-Mondor de Créteil. Dans son service qui compte "normalement 90 places"; il y a "toujours plus de 100 patients", car "il n'y a pas assez de lits", explique-t-il.

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