Gaza : "Le plan Trump est immoral, dangereux et irréaliste", analyse un spécialiste du Proche-Orient

Vincent Lemire, maître de conférences en histoire contemporaine à l'université Gustave-Eiffel, spécialiste du Proche-Orient, était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 15 février 2025.

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Vincent Lemire, historien, spécialiste du Proche-Orient, était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 15 février 2025. (RADIO FRANCE / RADIO FRANCE)
Vincent Lemire, historien, spécialiste du Proche-Orient, était l'invité du "8h30 franceinfo", samedi 15 février 2025. (RADIO FRANCE / RADIO FRANCE)

"Le plan Trump est immoral dangereux et irréaliste", déclare Vincent Lemire, historien, spécialiste du Proche-Orient, alors que le cessez-le-feu devient de plus en plus fragile à Gaza après les menaces de Benyamin Nétanyahou de reprendre les combats, alors que trois otages israéliens ont été libérés ce samedi matin.

Des tensions renforcées par l'annonce par le président américain Donald Trump d'un plan proposant de placer Gaza sous le contrôle des États-Unis et d'exiler les Palestiniens du territoire afin d'en faire une "Côte d'Azur du Moyen-Orient". Un "crime de guerre et crime contre l'humanité", juge Vincent Lemire. "Le président de la première puissance mondiale propose un crime contre l'humanité", renchérit-il.

Selon l'historien, cette annonce vise également à inciter l'Égypte et la Jordanie à "proposer un plan" à leur tour. "Trump veut un contre-plan arabe extrêmement fort. Donald Trump va à chaque fois plus loin que Nétanyahou", juge Vincent Lemire. "Cela permet à Nétanyahou d'apparaître presque comme un modéré".

La gouvernance de la bande de Gaza en question

D'après le chercheur, "le Hamas a clairement besoin que cette trêve se poursuive" pour "offrir de l'oxygène à sa population". "Le Hamas n'est pas anéanti" et "ne pourra pas être éradiqué" car il "reste un acteur politique", selon Vincent Lemire, qui rappelle l'importance d'avoir "une nouvelle Autorité palestinienne".

Nommé Premier ministre de l'Autorité palestinienne en 2003, Mahmoud Abbas a désormais 89 ans. Un homme pourrait prendre sa place : Marwan Barghouti. Emprisonné depuis 2002 en Israël, il apparaît comme une figure de consensus au sein du Fatah, le principal parti de l'Autorité palestinienne. Cette hypothèse "fait partie des négociations entre le Qatar, l'Égypte et les Israéliens", assure le spécialiste "et le Hamas y est favorable". "C'est quelqu'un qui pourrait faire le pont", juge-t-il, et assurerait "un nouveau leadership palestinien, à la tête d'une Autorité palestinienne restaurée dans sa souveraineté, car les derniers États qui n'auraient pas encore reconnu l'État de Palestine le feraient alors en juin lors du sommet France-Arabie saoudite. Là, on aurait une perspective politique" avec "une autre Autorité palestinienne" pour défier le plan Trump et reprendre pied dans la bande de Gaza.

L'historien assure enfin qu'il "faut continuer à croire" à une solution à deux États. "L'immobilisme n'est pas une option, surtout dans le contexte de Trump", conclut-il. 

Retrouvez l'intégralité du "8h30 franceinfo" du samedi 15 février 2025 :

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