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Plan de vol et plan média

A première vue Patrice Bertin Du lundi au vendredi à 20h10 et 21h 55

A première vue, c'est fou ce qu'on apprend en regardant les journaux télévisés. Par exemple, dimanche soir à 20h 21 sur TF1, on apprend de la bouche de Claire Chazal que la Une a décroché un scoop : un reportage dans l'avion présidentiel transportant François Hollande en Afrique.

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Radio France
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Et l'on voit
effectivement de bien belles images tournées dans l'appareil avec le bandeau
"Exclusif".  L'ennui c'est
qu'exactement au même moment dans le journal d'à coté, sur France 2, Laurent
Delahousse présente un reportage quasi identique mettant en scène le Président
et son jet.

Premier
enseignement : la notion de scoop est très relative.

Deuxième
enseignement : l'avion de François Hollande n'est autre que le fameux
Airbus A 330 baptisé "Air Sarko One" commandé sous la précédent
quinquennat par Nicolas Sarkozy et présenté par l'opposition de l'époque comme
le symbole de la démesure bling bling. Aujourd'hui le pouvoir socialiste
l'utilise sans complexe. Ce qui était sous la droite un super gadget devient
sous la gauche un outil de travail. Traduction politique du célèbre théorème de
Lavoisier : "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se
transforme".

Enfin, troisième
enseignement : ce n'est pas par effraction ni par hasard que les équipes
télé sont montées à bord du zinc. Elles y ont été invitées par les communicants
de l'Elysée. Parce que le chef de l'Etat, en délicatesse dans les sondages,
cherche à tout prix à "présidentialiser" son image. Et pour
l'occasion, le magnifique avion légué par le prédécesseur est évidemment un
endroit plus indiqué qu'une rame de TGV, par ailleurs moyennement pratique pour
se rendre en Afrique.

Voila comment un
plan de vol se transforme en plan média. Pas de quoi fouetter un chat. Tous les présidents utilisent les mêmes artifices médiatiques dans les journaux de 20
heures. Mais il n'est pas certain, à la longue, que tous les téléspectateurs
tombent dans le panneau des "publi-reportages". Et ca, au moins,
c'est rassurant.  

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