De glace et de pierre

Sous couvert de fictions dépaysantes, "De Pierre et d'os" de Krassinsky et "Caballero Bueno" de Thomas Lavachery et Thomas Gilbert portent un regard d'anthropologue sur les Inuits du grand nord et sur le peuple autochtone de l'île de Pâques.

Article rédigé par Jean-Christophe Ogier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Des espaces lointains et inhospitaliers, mais en vie. (KRASSINSKY, DUPUIS / THOMAS GILBERT, RUE DE SEVRES)
Des espaces lointains et inhospitaliers, mais en vie. (KRASSINSKY, DUPUIS / THOMAS GILBERT, RUE DE SEVRES)

Le premier récit a pour titre De pierre et d’os. Son auteur, Jean-Paul Krassinsky, adapte là un roman de Bérangère Cournut, paru en 2019. Bien qu’on n’y pénètre pas forcément de gaîté de cœur, c’est un livre qui vous happe.

La banquise, décor hostile

Se dire qu’on va y rester coincé pendant 200 pages n’est pas fait pour nous aider à l'aborder. Nous aurions tort d’hésiter. Accompagner la jeune Inuite Uqsularik, c’est découvrir une force, une envie de vivre qui défie l’entendement.

Le paysage ? La glace bleutée sous un ciel bas, un soleil voilé, une lune froide ; un été qu’on sait trop bref, un hiver interminable. Quand, au début de l’histoire, la jeune femme, sortie de l’igloo familial en pleine nuit se retrouve soudainement séparée des siens par un bris de banquise, on sait qu’il lui faudra beaucoup de courage, de chance et l’aide des esprits pour survivre, chasser un maigre gibier, et retrouver un jour la compagnie des hommes.

L’histoire d’Uqsularik est celle de tout un peuple, d’un rapport au monde animal et la description de mythes polaires basés sur des principes animistes. Le roman de Bérangère Cournut s’était vendu à plus de 100.000 exemplaires. Le roman graphique de Krassinsky est à la hauteur de cet engouement mérité.

De Pierre et d’Os, aux éditions Dupuis.

Un Pacifique auquel il ne faut pas se fier

Signée Thomas Lavachery et Thomas Gilbert, la seconde histoire a pour titre Caballero Bueno. Nous voici en plein océan Pacifique, sur l’île de Pâques qui appartient au Chili depuis 1888. Au début du XXe siècle, la population autochtone y est parquée dans une réserve entourée de barbelés, gardée par des soldats venus du continent, à plus de 3.500 km de là.

Pour résoudre un meurtre évidemment mystérieux, le Président chilien en personne dépêche sur l’île l’un des meilleurs inspecteurs du pays, une sorte d’Hercule Poirot obèse, intuitif et surprenant. Il lui faudra composer avec la lèpre qui sévit et les secrets des indigènes qui, malgré leur déchéance, tentent de maintenir un reste d’organisation sociale.

Les fameux Moaïs, les statues de pierre monumentales, hautes de plusieurs mètres, veillent en silence au milieu d’une lande d’herbes sèches. Dépaysement garanti.

Caballero bueno, aux éditions Rue de Sèvres.

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