Témoigner, mais à quel prix ?
Écrite et dessinée d'après le témoignage du photoreporter kurde irakien Ali Arkady, "L'homme qui en a trop vu", la bande dessinée de Simon Rochepeau et Isaac Wens, parle de reportage en zone de guerre, de courage et de peur, d'éthique, de complicité avec les bourreaux et de l'impérieuse nécessité de témoigner pour rendre aux victimes leur dignité.
/2024/04/17/homme-qui-en-a-trop-vu-web-661ff4fbe391b597142659.jpg)
Ali Arkady est irakien. Kurde d’Irak, plus précisément. Et photoreporter. En 2017, il reçoit le prestigieux prix Bayeux des correspondants de guerre. Présent dans la salle, le scénariste de bande dessinée Simon Rochepeau s’étonne de l’accueil, pour le moins réservé, que lui accordent ses confrères.
Quelques secondes pour choisir, deux mois pour témoigner
Intrigué autant qu’époustouflé par la force des photographies terrifiantes exposées à cette occasion, et qui ne cache rien du traitement violent et dégradant, imposé à des suspects et prisonniers, Rochepeau se rapproche du photographe. Il veut connaître et comprendre le parcours de cet homme timide, "à l’allure fragile et vulnérable", dit-il, au regard doux, sombre et déterminé.
L’Homme qui en a trop vu raconte les deux mois pendant lesquels la vie d’Ali Arkady a basculé, lorsqu’en octobre et novembre 2016, il a accompagné les forces irakiennes qui libèrent les zones contrôlées par l’Etat islamique. Il travaille en toute confiance avec ces hommes, jusqu’au jour où il se rend compte qu’eux aussi commettent des exactions – violentes – torturent et tuent.
Menacé de mort à son tour, et autant pour sauver sa peau que pour continuer à témoigner, Arkady se rend complice des horreurs qu’il photographie et filme.
"Il veut rendre leur dignité aux victimes. Mais pour cela, il joue pendant quelques semaines une forme de double-jeu. Complice des bourreaux, il franchit la ligne rouge de la déontologie et c’est cela qui lui sera reproché après."
Le scénariste Simon Rochepeau,à franceinfo
Dans leur bande dessinée, dans laquelle le photoreporter affirme s’être retrouvé, Simon Rochepeau et le dessinateur Isaac Wens ont choisi de ne pas montrer les photos d’Ali Arkady. Pour autant, malgré la distance du dessin, rien ne nous est épargné de l’horreur et de la tension permanente d’un monde en folie. Victimes et bourreaux sont désignés par leurs prénoms et noms ; ils existent. Les dialogues sont parfois insoutenables ; les couleurs, glacées ; le récit, impressionnant.
L’Homme qui en a trop vu, aux éditions Futuropolis.
À regarder
-
Vol des bijoux au Louvre : sept minutes pour un casse spectaculaire
-
Au cœur de la traque des migrants
-
Mouvement "No Kings" aux États-Unis : sept millions d'Américains sont descendus dans les rues contre Donald Trump
-
Allocations familiales : vers un coup de rabot ?
-
Un braquage a eu lieu au Louvre dimanche matin à l'ouverture
-
Avions : quand des batteries prennent feu
-
Affaire Epstein : le prince Andrew renonce à son titre royal
-
Grandir à tout prix
-
Cédric Jubillar : 30 ans de prison pour meurtre
-
Mal de dos : comment le soigner
-
Faire des têtes au foot, c'est stylé, mais...
-
En Chine, le plus haut pont du monde est devenu une attraction touristique
-
Quand t’es collé en forêt
-
À Marseille, la Bonne Mère retrouve sa couronne
-
Meurtre de Lola : ce qu’il s’est passé
-
Chili : un miracle dans le désert
-
Faux diplômes : tricher pour se faire embaucher
-
Vignes : des algues pour remplacer les pesticides
-
Du Maroc au Népal, en passant par Madagascar, la génération Z structure ses luttes sur Discord
-
À Londres, le café c'est dans les toilettes
-
De la propagande russe dans nos infos locales
-
Ordures ménagères : une taxe toujours plus chère
-
Temu, Shein... ça va coûter plus cher ?
-
C'est très compliqué dès qu'on parle de la France
-
Départ anticipé d’E. Macron : “La seule décision digne qui permet d’éviter 18 mois de crise”
-
Donald Trump : le Venezuela dans sa ligne de mire
-
Hommage à Samuel Paty : des minutes de silence "inutiles" pour sa sœur.
-
Avion low cost : payer pour incliner son siège
-
Otages français en Iran : l'appel de détresse de leurs familles
-
Cédric Jubillar : ses défenseurs passent à l'attaque
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter