Au Japon, les personnes âgées victimes de discrimination au logement

Manque de garanties, décès isolés... Les propriétaires ont peur des problèmes liés à la solitude. Le gouvernement, inquiet, a monté un groupe de réflexion sur le sujet pour essayer de lutter contre ce phénomène.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Au Japon, une personne âgée sur trois dit qu’elle s’est vue refuser un logement à cause de son âge. Photo d'illustration. (AFP)
Au Japon, une personne âgée sur trois dit qu’elle s’est vue refuser un logement à cause de son âge. Photo d'illustration. (AFP)

Au Japon, ce ne sont plus les étudiants qui peinent à trouver un logement, mais les personnes âgées. Il y a eu plusieurs études auprès des Japonais de plus de 65 ans ou de plus de 75 ans. Une personne âgée sur trois dit qu’elle s’est vue refuser un logement à cause de son âge. Dans la dernière enquête de l’agence immobilière R65, 10% des seniors expliquent que leur dossier a été refusé par au moins cinq propriétaires. Mais pourquoi est-ce que les propriétaires ne veulent pas louer leur bien à des personnes âgées ? Ils ont plusieurs raisons. Mais globalement, le problème ce sont les risques liés à la solitude des personnes âgées.

Cela peut-être des veufs, des veuves ou des personnes qui n’ont plus de partenaires depuis des années. Surtout, ce sont souvent des personnes qui n’ont pas d’enfants. Le Japon fait face à une crise démographique exceptionnelle. Depuis des décennies, les Japonais font de moins en moins de bébé. Il y a des millions de gens qui n’ont pas d’héritier ou de pas de proche direct. C’est un problème au Japon, car les agences immobilières peuvent demander qui peut garantir que les loyers seront bien payés à temps si la personne a un problème de santé ou un problème financier. Même les groupes d’assurance privés, qui peuvent normalement se porter garants, hésitent à assurer des personnes âgées vivant seules.

Environ 80 000 décès isolés par an

Les propriétaires ont aussi très peur des locataires qui pourraient mourir seuls dans les appartements. La police japonaise recense maintenant 80 000 décès isolés par an. Souvent, on ne retrouve les corps en décomposition qu’après plusieurs jours ou plusieurs semaines. Les propriétaires sont obligés ensuite de faire énormément travaux et ils doivent obligatoirement signaler aux prochains locataires qu’il y a eu décès un peu gore dans le salon ou dans la chambre. Cela entraîne un rabais sur le loyer, c’est obligatoire. C’est pour cela que les propriétaires sont hésitants.

Le gouvernement réfléchit à des systèmes de garanties pour rassurer les propriétaires. On commence également à voir des agences immobilières spécialisées dans la location aux personnes âgées. C’est le cas de R65. Eux travaillent avec des propriétaires plus tolérants et ils se portent aussi garants pour les personnes seules qui n’ont personne sur qui compter.

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