Aux États-Unis, les publications sur les réseaux sociaux peuvent compromettre l'obtention d’un visa étudiant

Les étudiants étrangers souhaitant faire leurs études aux États-Unis doivent désormais déclarer leurs comptes sur les réseaux sociaux des cinq dernières années, sous peine de voir leur visa refusé. Cette mesure, jugée floue, soulève de vives critiques sur le respect des libertés individuelles.

Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le campus de l’Université Harvard à Cambridge, Massachusetts, le 27 mai 2025. (RICK FRIEDMAN / AFP)
Le campus de l’Université Harvard à Cambridge, Massachusetts, le 27 mai 2025. (RICK FRIEDMAN / AFP)

Désormais, les étudiants étrangers qui veulent, en cet été 2025, rejoindre une université aux États-Unis doivent indiquer quels ont été leurs différents comptes sur les réseaux sociaux au cours des cinq dernières années, afin que les autorités américaines puissent analyser leurs contenus. Ce facteur comptera dans l’attribution de leur visa étudiant. Environ un million de personnes venues de l’étranger étudient aux États-Unis aujourd’hui.

En juin, l’administration Trump avait temporairement suspendu tous les entretiens dans les ambassades pour l’obtention d’un visa étudiant. Il y a quelques jours, l’équivalent des Affaires étrangères a transmis ses nouvelles directives. Elles ne concernent pas le touriste français qui vient pour quelques semaines en vacances avec un ESTA, une autorisation de voyage, mais elles visent notamment les étudiants qui demandent un visa dit F, M ou J à qui il est désormais demandé de lister leurs comptes sur les réseaux sociaux et de les laisser publics. Ne pas le faire les expose à un rejet sur plusieurs années.

Identifier des étudiants à l'"attitude hostile"

La mesure existe depuis 2019 – depuis le premier mandat de Donald Trump – mais semble renforcée. Les agents consulaires doivent prendre des notes et des captures d’écran de cette présence sur les réseaux sociaux. Le ministère demande à ses agents d’identifier des étudiants qui auraient une "attitude hostile vis-à-vis de nos citoyens, notre culture, notre gouvernement ou nos principes fondateurs".

Ils doivent aussi chercher si ces étudiants ont "soutenu ou aidé des terroristes étrangers", ainsi que des auteurs de harcèlement et de violences antisémites. Ceux qui auraient "un historique de militantisme politique" et qui pourraient continuer à militer une fois aux États-Unis, figurent aussi parmi les cibles. Le département d’État veut défendre, dit le mémo "notre nation et nos citoyens en imposant les plus hauts standards de sécurité nationale et de sécurité publique". Le Département d’État insiste : un visa est un privilège, pas un droit.

Cette "attitude hostile" n’est pas définie, ce qui pose un premier problème. Est-ce qu'avoir écrit en capitales "MORT À L’AMÉRIQUE !" sur Twitter, avoir critiqué la politique de Donald Trump sur Instagram ou avoir relayé un message de soutien à la Palestine sur Facebook sont des éléments perçus de la même manière par les autorités ? 

Le Premier ministre irlandais, Micheál Martin, a déclaré qu’il n’approuvait pas ces directives "excessives", selon lui. Il pointe la question du respect de la liberté d’expression, mais aussi l’anxiété générée chez des jeunes gens qui quittent leur pays. Les universités craignent que des étudiants renoncent à venir, alors qu’ils paient des frais d’inscription importants. Faut-il s’attendre à ce que ces mesures s’élargissent au-delà des étudiants étrangers ? À la douane, les autorités américaines ont depuis longtemps le droit de fouiller votre téléphone ou votre ordinateur, dans les faits, cela arrive très rarement.

L’actuelle administration n’envoie cependant pas des messages de bienvenue aux visiteurs. En parlant de la Coupe du Monde 2026, le vice-président JD Vance a suggéré aux touristes de ne pas trop s’attarder après la compétition.

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