Corée du Sud : des sortes de "Squid Game" anti-cigarettes dans les entreprises pour récompenser les salariés qui arrêtent de fumer

Le taux de tabagisme reste élevé chez les coréens du sud et la volonté d'arrêter est plutôt faible. Alors des entreprises ont décidé d'inciter leurs employés à arrêter de fumer en organisant des défis, récompensés par des sommes d'argent.

Article rédigé par Yann Rousseau
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des personnes dans un espace fumeur, à Busan, en Corée du Sud, en décembre 2024. (ANTHONY WALLACE / AFP)
Des personnes dans un espace fumeur, à Busan, en Corée du Sud, en décembre 2024. (ANTHONY WALLACE / AFP)

La Corée du Sud reste un pays assez accroc au tabac. Un adulte sur cinq se déclare encore fumeur. Il y a d'importantes disparités entre les genres. Car 33% des hommes adultes se disent fumeurs. C'est le cas seulement pour 5% de femmes. Mais ce qui inquiète surtout les autorités publiques,en ce début d'année 2025, c'est le peu de motivation pour arrêter. Dans sa dernière étude, en 2023, l'Agence nationale pour la santé a découvert que seulement 13% des adultes fumeurs avaient l'intention de lâcher rapidement la cigarette. C'est moins que les années précédentes. C'est pour cela que des entreprises coréennes ont décidé de s'impliquer en organisant des sortes de   en beaucoup moins violents, c'est-à-dire des défis anti-cigarettes, récompensés par de l'argent.

Dans la série télévisée Squid Game, les participants s'affrontent dans des jeux d'enfants pour essayer de gagner une énorme somme d'argent. Dans l'entreprise EcoPro Innovation, qui fabrique des composants pour les batteries, les employés qui veulent arrêter de fumer contribuent, avec le groupe, à une sorte de cagnotte commune. Le quotidien Chosun explique que chaque employé mise 330 euros. S'il tient plusieurs mois sans fumer, il gagne le double avec les primes données par l'entreprise, c'est-à-dire 660 euros. Par contre, les participants doivent accepter de se soumettre tous les mois à des tests urinaires pour vérifier qu'ils n'ont pas de nicotine dans le corps. S'ils gagnent les 660 euros, ils ont encore des tests pendant trois mois. S'il s'avère qu'ils ont craqué, ils doivent rendre l'argent.

Un système d'incitations financières qui fonctionne

C'est un peu pareil dans la société Sungwoo Hitech, un équipementier automobile. Là, les fumeurs qui veulent arrêter acceptent de faire déduire de leur salaire 70 euros par mois, et cela pendant les cinq mois de l'épreuve. Si au bout de cinq mois, ils ont tenu bon, l'entreprise leur reverse les 350 euros qu'ils ont misés et, en plus, elle ajoute 350 euros de récompense. Au total, cela fait 700 euros. Par contre, si l'employé a échoué ses 350 euros sont perdus et versés à une bonne cause.

Il semble que ce système d'incitations financières fonctionne. En 2024, chez Sungwoo Hitech, 44 des 50 participants au programme ont gagné et gardé les 700 euros. Quelques études plus scientifiques commencent à montrer que cette stratégie de la récompense fonctionne un peu. L'université britannique d'East Anglia a analysé des expériences dans huit pays, impliquant 21 900 fumeurs. Elle montre que dans les cas où des récompenses financières sont promises, 10 fumeurs sur 100 parviennent à s'arrêter au minimum six mois. Lorsqu'il n'y a pas cette motivation pécuniaire, ce sont seulement sept fumeurs sur 100 qui renoncent au tabac.

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