En Californie, la ville de San José envisage des sanctions pour les sans-abri réfractaires à l’hébergement

En Californie, les sans-abri risquent-ils d’être arrêtés, voire emprisonnés, s’ils refusent de se rendre dans un centre d’hébergement ? Le maire de San José, grande ville au cœur de la Silicon Valley, a en tout cas formulé une proposition en ce sens.

Article rédigé par Loïc Pialat
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
En 2024, l’État de Californie comptait 187 000 personnes sans domicile fixe. (FREDERIC J. BROWN / AFP)
En 2024, l’État de Californie comptait 187 000 personnes sans domicile fixe. (FREDERIC J. BROWN / AFP)

La question des sans-abri est centrale à San José, et plus largement en Californie. En 2024, l’État comptait 187 000 personnes sans domicile fixe, un record. Un quart des sans-abris des États-Unis vivent dans le Golden State. À San Francisco ou Los Angeles, la présence de tentes, de campements ou de personnes dormant dans la rue est particulièrement visible. À San José — troisième ville de Californie, devant San Francisco — la situation est similaire.

On estime que 6 000 personnes y vivent sans domicile, dans leur voiture, dans la rue ou le long des cours d’eau. Pour une population d’un million d’habitants, c’est de loin la préoccupation principale. La mairie a récemment bloqué l’accès à un parc en raison de la présence de camping-cars. Le New York Times a recueilli le témoignage d’un habitant affirmant qu’il n’autorise plus ses enfants à faire du vélo seuls le long de la rivière, comme il le faisait durant son enfance, à cause des déchets, des tentes et parfois des seringues sur le chemin. Une situation loin d’être isolée dans une ville pourtant majoritairement démocrate.

Contraindre les sans-abri, une proposition accueillie plutôt favorablement

Matt Mahan, en poste depuis 2023, dirige cette ville qui ne dispose que d’environ 1 000 places d’hébergement, chiffre largement insuffisant face à l’ampleur du problème. Ce démocrate modéré de 42 ans a été élu en partie sur la promesse d’une "révolution du bon sens". Selon lui, il ne devrait pas être possible de choisir de rester sans abri. Il propose donc que les sans-abris soient arrêtés s’ils refusent un hébergement d’urgence plus de trois fois en dix-huit mois. Il ne s’agirait pas forcément d’un emprisonnement, mais d’une présentation devant un juge pour, par exemple, suivre un traitement contre l’addiction ou bénéficier d’un accompagnement psychologique. Selon lui, 10% des sans-abri de la ville ont refusé l’aide proposée. Or, les hébergements sont, d’après la mairie, des appartements neufs dans lesquels les personnes peuvent rester en couple, avec un animal de compagnie, sans obligation d’être sobres. Le maire estime que la ville ne peut pas faire davantage.

Le New York Times observe que l’accueil est plutôt favorable, aussi bien parmi les résidents que les élus. Ce qui aurait été impensable il y a quelques années encore dans une ville progressiste. La frustration monte face à une crise que les autorités ne parviennent pas à résoudre malgré les milliards de dollars investis à l’échelle de l’État et des métropoles californiennes. En 2023, la Cour suprême a autorisé les collectivités à interdire le fait de dormir dans la rue. Un tiers des 150 villes ayant pris des mesures en ce sens se trouvent en Californie. Mais pour le Centre national d’aide juridique aux sans-abris, basé à Washington, ces mesures passent à côté du vrai problème : le coût prohibitif des loyers dans le Golden State. "Ce n’est pas une affaire légale ou criminelle. C’est une question économique", résume un porte-parole.

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