Le Magicien d’Oz renaît en 4D grâce à l’IA à Las Vegas

Depuis le 28 août à Las Vegas, les spectateurs peuvent revoir sur grand écran le classique Magicien d’Oz. Les studios Warner ont mis de gros moyens pour adapter le film à la Sphere, cette salle de spectacle géante avec une projection en 4D sur une surface équivalente à plus de trois terrains de football.

Cette Sphere est une salle de spectacle ultramoderne, ouverte il y a deux ans avec une série de concerts de U2 qui avait beaucoup fait parler. L’extérieur de la gigantesque Sphère — nom donné en référence à sa forme — est lui-même un écran géant, ce qui donne des images incroyables à la nuit tombée. À l’intérieur, vous êtes dans une sorte de Géode sous stéroïdes, avec un écran LED incurvé d’environ 22 étages de haut, une définition en 16K, 17 600 fauteuils équipés de technologie haptique — qui vibrent, donc — et 167 000 haut-parleurs. C’est là qu’est diffusée cette version du Magicien d’Oz, un film populaire aux États-Unis à un degré qu’on ne réalise peut-être pas en France, un classique absolu de l'autre côté de l'Atlantique. Cette version restaurée du film, sorti en août 1939, aurait coûté 100 millions de dollars.

Le recours à l'Intelligence artificielle

Pour ce prix-là, des ventilateurs de 750 chevaux soufflent de faux débris pendant la scène de la tornade qui emmène Dorothée loin du Kansas, les sièges s’agitent, de faux singes survolent les spectateurs avec des drones, des pommes — en mousse, rassurez-vous — tombent sur le public. La musique a été réenregistrée. La définition de l’image a dû être énormément améliorée parce que l’original ne serait pas regardable sur un écran avec une telle résolution et un format à quasiment 180 degrés. Et surtout, une équipe de 2 000 personnes a travaillé pendant deux ans avec l’intelligence artificielle de Google pour remplir tout ce nouvel espace disponible, en réimaginant et en inventant les mouvements des personnages. Des décors ont aussi été élargis grâce aux effets spéciaux, à partir de dessins et de notes de la production de l’époque.

Les créateurs insistent sur un point, pour eux, ce n’est pas un film, c’est une expérience. D’ailleurs, le San Francisco Chronicle a comparé l’expérience aux Pirates des Caraïbes à Disneyland plutôt qu’à du cinéma. La version restaurée dure 75 minutes, presque une demi-heure de moins que l’original. Et contrairement à un film en salles, l’équipe peut toujours modifier des éléments ici et là en fonction des réactions du public.

À 104 dollars minimum l’entrée, il fallait sans doute proposer un peu plus que du son Dolby Digital. La scène de la tornade en 4D a impressionné tous ceux qui l’ont vécue. Quelque 200 000 personnes auraient déjà réservé leur place pour les semaines à venir, mais le recours à l’IA a fait polémique. Comment les performances des acteurs ont-elles pu être, non pas modifiées, mais prolongées, sans leur accord ? Le magazine Variety estime qu’au-delà du spectacle incroyable, l’IA a effacé une partie de l’humanité des personnages.