C'est dans ma tête. Les rixes d'adolescents, pourquoi une telle violence
Des bandes rivales d'adolescents se sont violemment confrontées ces dernières semaines. Et avec même des morts. Pour des raisons souvent futiles.
Ces dernières semaines, des rixes d’une grande violence ont opposé des bandes d’adolescents, pour des motifs qui semblent souvent futiles. Et certaines de ces rixes se sont même soldées par des morts. La psychanalyste Claude Halmos revient aujourd'hui sur les raisons de ces agissements très violents.
Comment expliquer une telle violence ?
Ces rixes, se déclenchent en général dans deux sortes de cas : lorsqu’un jeune se sent - ou s’imagine - agressé (individuellement) par un autre (du fait d’un "mauvais regard" par exemple). Ou quand une bande veut affirmer sa suprématie, et défendre, par rapport à une autre, ce qu’elle juge être son territoire. Et il semble que l’on retrouve, dans les deux cas, les mêmes mécanismes psychologiques.
Quels sont les mécanismes psychologiques qui poussent à cette violence ?
En premier lieu une incapacité à supporter l’altérité, c’est-à-dire l’existence de l’autre et de ses réactions, la place qu’il occupe..etc.. Incapacité qui va de pair avec une importance excessive accordée à sa propre personne, et une toute puissance.
Tout se passe comme si ces jeunes disaient, par leurs comportements : "le monde extérieur m’appartient, et il doit m’obéir". Et on constate également une incapacité à contrôler la violence que provoque la mise en échec de cette toute-puissance.
On a donc l’impression de se trouver confronté à des comportements qui évoquent ceux des enfants petits qui, tant qu’ils n’ont pas reçu l’éducation qui leur permettra de se civiliser, c’est-à-dire de comprendre la nécessité de respecter les autres et les lois, ont tous pour seul guide leurs pulsions, leur désir de toute puissance et la recherche du plus grand plaisir possible.
Les comportements de ces adolescents seraient dus à des carences éducatives ?
Pour l’essentiel, oui. À condition de bien comprendre que l’éducation dont il s’agit n’est pas une éducation qui consisterait à enseigner les bonnes manières. Mais du travail que les parents doivent faire pour que leur enfant puisse se construire psychologiquement, c’est-à-dire comprendre par exemple la différence entre ses fantasmes et la réalité.
Ces rixes témoignent de défauts de construction. Elles sont le fait de jeunes qui ne vivent pas dans la réalité, mais dans leur imaginaire
Claude Halmos
Un imaginaire où tout est, comme dans les mondes virtuels qui les fascinent, possible, sans aucune limite. Et cela les rend incapables de mesurer la gravité réelle de leurs actes, même quand il s’agit de donner la mort.
Est-ce qu’il existe des solutions ?
Je crois qu’il faudrait, avant tout, sortir du mode de pensée schizophrène qui est actuellement, en matière d’éducation, celui de notre société. On ne peut pas, d’un côté, diaboliser, au nom d’une soit- disant "bienveillance", les limites et l’autorité parentale en les déclarant maltraitants, et de l’autre, s’étonner quand de plus en plus de jeunes se conduisent, de plus en plus jeunes, comme des sauvages. On se demande souvent "ce qu’ils peuvent bien avoir dans la tête" pour se conduire avec une telle violence.
La réponse est simple : ils ont dans la tête ce que l’on a dans la tête quand on n’a pas reçu d’éducation, c’est-à-dire appris, dès son plus jeune âge, à tenir compte des autres, et des lois de la société. Et, à ce titre :
On peut dire que ces rixes sont un signal d’alarme qu’il faudrait, de toute urgence, pouvoir entendre
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