"En 2024, 700 patients, sur liste d'attente pour un rein, sont décédés", alerte Cécile Champy, chirurgienne urologue au CHU Henri-Mondor de Créteil
Comme chaque année, au mois d’octobre, a lieu la Journée mondiale du don d’organes afin de rappeler l’importance de ce geste de solidarité qui permet de sauver des vies. Le point sur la situation avec Cécile Champy, chirurgienne urologue au CHU Henri-Mondor de Créteil.
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Donner un rein, un cœur ou un poumon, c’est offrir une chance de vivre. Un geste à la fois vital et solidaire, encore trop souvent méconnu ou mal compris du grand public. Savoir, et faire savoir, tel est l’enjeu essentiel de la Journée mondiale du don d’organes, qui a eu lieu le 17 octobre 2025. Un rendez-vous proposé en association avec l’AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris).
franceinfo : Souvent considéré comme un sujet tabou, il est pourtant essentiel d'en parler autour de soi
Cécile Champy : L’enjeu du don d’organes, c’est d’en parler à ses proches en amont, parce que la période d’un décès est forcément très difficile et que ce n’est pas le meilleur moment pour aborder le sujet si l’on n’en a pas discuté auparavant. L’enjeu, c’est donc de lever le tabou et d’améliorer la compréhension des familles face à ce don, afin de diminuer le taux d’opposition qui, en France, reste encore très élevé.
Le taux d'opposition est aux alentours de 34%. Il peut monter à 50 % dans certaines régions. Pour avoir un ordre d'idée, en Espagne, il est plutôt aux alentours de dix 15%.
Comment expliquer cette opposition ?
Parfois, il existe une incompréhension autour de certains termes médicaux, comme la mort encéphalique ou le coma. Il y a aussi, parfois, une forme de méfiance envers le système hospitalier, la crainte qu’un don d’organes puisse être dévié. Il faut, pourtant, insister sur la grande transparence du don d’organes en France, qui en a fait sa force, et aussi sur le grand professionnalisme des personnes qui travaillent pour le don d’organes.
Que se passe-t-il si, de son vivant, on n'a pas exprimé le fait d'être opposé au don d'organes ?
On est considéré comme donneur. Bien entendu, il y a une discussion avec la famille et les proches. On n'ira jamais à l'encontre des proches et de la famille. C'est d'ailleurs le travail de la coordination qui va effectuer des entretiens avec ces familles qui sont dans des périodes douloureuses pour leur parler du don et ainsi en discuter.
Peut-on donner son accord pour certains organes et pas d'autres ?
Si on donne son accord pour le don d'organes et que la famille est réticente pour X raisons, elle peut choisir d'en donner certains et pas d'autres. Par ailleurs, on porte une grande attention au moment de l'acte chirurgical du prélèvement d'organes, qui est de restituer une intégrité physique au défunt.
Quels sont les organes qui manquent le plus par rapport aux personnes en attente de greffe ?
Tous les organes manquent, mais il y a des organes qui sont vitaux dans le sens où il n'y a pas de suppléance quand l'organe fait défaillance, comme le cœur, les poumons et le foie. Pour le rein, on a la dialyse qui permet de maintenir les personnes en vie, même si leur qualité de vie est extrêmement altérée du fait de cette dialyse qui est une grande contrainte au quotidien.
On est en manque de greffons. En 2024, il y a eu à peu près 3 700 greffes de rein et sur la liste d'attente il y a 26 000 personnes. 700 patients, sur la liste d'attente pour un rein, sont décédés.
Existe-t-il également des disparités régionales ? Est-ce que le fait d'être proche d’un grand centre hospitalier, où l’on pratique des greffes, augmente les chances d’obtenir un greffon et, par conséquent, de rester en vie ?
Non, parce que toutes les régions ont un centre référent qui fait de la transplantation rénale. Les patients viennent, donc, de plus ou moins loin, et tous les patients ont accès à la greffe rénale en France.
Il est possible de vivre avec un seul rein. Est-ce que cela signifie que l'on peut donner un rein de son vivant ?
Tout à fait. Sur ce point, celui du don vivant, la France peut encore progresser. En 2024, 16 % des greffes proviennent d’un don vivant, et le plan greffe 2022-2026 fixe comme objectif d’atteindre 20 %. C’est une façon encore peu connue pour accéder à la greffe, et sur laquelle il est essentiel de communiquer davantage. Beaucoup de personnes ayant des proches en insuffisance rénale ignorent qu’elles peuvent leur donner un rein.
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