Comment bien soigner une dépression ?

La dépression est une maladie qui touche plus de 10% des français. Plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour bien la soigner.

Article rédigé par Martin Ducret
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
La dépression majeure a un impact  sur la vie quotidienne. Dans ce cas, un traitement médicamenteux est indispensable. (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)
La dépression majeure a un impact sur la vie quotidienne. Dans ce cas, un traitement médicamenteux est indispensable. (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)

Le docteur Martin Ducret, médecin et journaliste au Quotidien du Médecin, s'intéresse ici à la dépression. Une maladie qui n'est pas facile à endiguer.

franceinfo : Une étude révèle que près d’1 patient sur 2 souffrant de dépression majeure n’est pas soulagé par le traitement médicamenteux ?

Martin Ducret : Oui, dans cette étude récente publiée dans le British Journal of Psychiatry, sur plus de 5.000 patients atteints d’un trouble dépressif majeur (TDM), 48% d’entre eux souffraient d’une dépression résistante au traitement (DRT). C'est-à-dire que les symptômes de la maladie n'étaient pas calmés après l’essai d’un premier antidépresseur puis d’un deuxième.

Je précise que la dépression est une maladie mentale qui présente plusieurs stades. Les dépressions légères et modérées nécessitent une psychothérapie, des changements de mode de vie et parfois un traitement antidépresseur. La dépression majeure a un impact plus sévère sur la vie quotidienne avec une incapacité à réaliser des tâches simples comme se laver ou sortir de chez soi. Dans ce cas, un traitement médicamenteux est indispensable pour guérir.

Au bout de combien de temps un traitement antidépresseur est jugé comme efficace ou non ?

Les effets positifs d’un antidépresseur se font ressentir normalement à partir de 4 à 6 semaines. Si ce n’est pas le cas, le médecin peut augmenter le dosage ou essayer un autre antidépresseur. Le problème est qu’actuellement il n’existe aucun marqueur prédictif, comme le dosage d’un marqueur sanguin par exemple, permettant de savoir si l’antidépresseur va être efficace ou non. C’est un peu au petit bonheur la chance. Le patient teste l’antidépresseur et on juge l'efficacité et la tolérance dans les semaines qui suivent.

Pourquoi, dans cette étude, près de la moitié des patients étaient résistants au traitement antidépresseur ?

Selon le professeur Pierre-Alexis Geoffroy, psychiatre et spécialiste de la dépression à l’Université Paris Cité, c’est parce qu’"une partie de ces patients n'ont pas eu une prise en charge assez ciblée". En fait, il n'y a pas qu’un seul type de dépression mais une multitude. Une dépression hivernale est différente d’une dépression survenant après un accouchement, d’une dépression suite à un burn-out ou à un deuil. Ajuster la prise en charge thérapeutique selon le type de dépression permet alors une meilleure guérison.

"Par ailleurs, précise Pierre-Alexis Geoffroy, un facteur physiologique n’est pas abordé dans cette étude alors qu'il est indispensable à prendre en compte : le sommeil. Il faut savoir que plus de 90% des patients souffrant de dépression ont un sommeil altéré. Une thérapie ciblée sur le sommeil, en plus du reste du traitement, permet d’améliorer nettement la guérison." N’oublions pas aussi l'importance de l’activité physique ou encore de la gestion des émotions pour soigner cette maladie.

Donc si vous souffrez de dépression, consultez un médecin (généraliste ou psychiatre) et aussi un ou une psychologue avec qui vous vous sentez en confiance pour débuter une thérapie. Et n’oubliez pas de leur parler de votre sommeil !

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