Incendies : les risques psychologiques générés par ce type d'épreuve
Les feux de Gironde ont obligé des dizaines de milliers de personnes à évacuer leur maison en quelques minutes. Parfois en voyant les flammes s’approcher. Certains ne savent toujours pas quand ils pourront rentrer chez eux.
Les incendies en France, en particulier dans le département de la Gironde, qui ont brûlé 7 000 hectares à la Teste-de-Buch et 13 600 à Landiras (sur l’arrondissement de Langon), ont contraint 36 750 personnes environ, entre le 12 et le 21 juillet, à quitter leur domicile souvent en quelques minutes, les flammes se rapprochant parfois très vite, à 3km de leurs habitations. 6 000 personnes ont peu retrouver leur logement, mais certaines ne savent pas quand elles pourront rentrer chez elles.
Les précisions de Géraldine Zamansky, journaliste au Magazine de la Santé sur France 5, sur les effets post traumatiques de tels évènements pour ces personnes qui ont dû fuir.
franceinfo : Que sait-on des effets à court et long terme sur le psychisme des personnes qui ont subi ce type d'épreuve ?
Géraldine Zamansky : Une des premières études scientifiques dans ce domaine concernait d’immenses incendies australiens en 2009. 5 ans après, plus de 20% des personnes interrogées au cœur de la zone touchée souffraient encore de syndrome de stress post traumatique, de dépression ou d’anxiété majeure. Mais attention, le traumatisme était alors souvent lié au décès d’un ou plusieurs proches, puisque ces feux avaient tué plus de 170 personnes.
J’ai pu en parler avec le Dr Fiona Charlson, psychiatre à l’Université du Queensland qui s’est particulièrement intéressée à ces situations. Elle m’a expliqué comment cette épreuve de 2009 avait conduit à la créati on d’équipes de "premiers secours psy", puisque des incendies surviennent là-bas tous les ans. L’idée, c’est d’envoyer sur place des personnes formées pour repérer les victimes qui ont besoin d’un soutien spécifique.
Mais le Dr Charlson a bien insisté. C’est une minorité. Le fait d’être bouleversé par un tel évènement est normal et ne doit pas être considéré comme un trouble qu’il faudrait traiter tout de suite. Selon elle, l’appartenance à une communauté amicale ou familiale est surtout essentielle pour tenir.
Mais là, justement, certaines personnes ont été séparées de leur communauté à cause de l’évacuation ?
Oui, tout à fait. Il faut donc être vigilant et ne pas hésiter à chercher de l’aide, si on se sent trop déstabilisé. Quand le médecin traitant est inaccessible, le SAMU pourra aider à évaluer la situation et orienter vers un professionnel spécialisé qui va répondre rapidement. C’est ce que m’a précisé le Dr Nathalie Prieto, référente nationale de notre réseau d’urgence médico-psychologique. Aujourd’hui, une cellule est activée avec un numéro d’appel 24h/24.
Mais le Dr Prieto m’a aussi rappelé que les symptômes surviennent parfois plus tard, après le retour à la maison. Le fait d’avoir craint pour sa vie à son domicile, de le quitter dans les fumées, peut entraîner des cauchemars, un intense sentiment d’insécurité, une grande anxiété. Alors, là aussi, le mieux est surtout d’en parler.
Et enfin, peut-être que vous vivez avec une sorte de boule au ventre depuis une semaine, alors que vous êtes loin de la Gironde. Pour l’avoir beaucoup observé en Australie, le Dr Charlson ferait peut-être le diagnostic d’éco-anxiété. Il est possible d’être ébranlé par la concrétisation de la menace liée au changement climatique. D’autant plus que nous avons presque tous expérimenté la vague de chaleur associée. Son conseil australien : s’engager seul ou dans un collectif en faveur de l’environnement pour sortir du sentiment d’impuissance totale.
>>> Numéro Cellule d'urgence médico psychologique
Centre hospitalier Charles Perrens ( Bordeaux) : 05 56 56 31 47
>>> Point actualisé des recommandations ARS Nouvelle Aquitaine
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