Environ 2 millions de travailleurs exposés régulièrement à des vibrations mécaniques

La discussion pour aménager la réforme des retraites va bientôt s’ouvrir. L’une des revendications portées par les syndicats est de mieux prendre en compte certains facteurs de pénibilité. Parmi eux, les vibrations mécaniques, qui concernent de nombreux travailleurs.

Article rédigé par Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Hernie discale, fourmillements, arthrose, syndrome du canal carpien : les vibrations mécaniques ont, au delà d'un certain seuil d'exposition, des effets délétères sur la santé. (CEDRIC JACQUOT / MAXPPP)
Hernie discale, fourmillements, arthrose, syndrome du canal carpien : les vibrations mécaniques ont, au delà d'un certain seuil d'exposition, des effets délétères sur la santé. (CEDRIC JACQUOT / MAXPPP)

Quand on parle de vibrations mécaniques, on pense instantanément au marteau-piqueur. Mais il y a bien d’autres machines qui émettent des vibrations, selon l’INRS, Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Un véhicule de chantier, un chariot élévateur, une ponceuse, un perforateur, une meuleuse, une clef à choc. Or, depuis les années 1980, plusieurs études épidémiologiques ont démontré un lien entre l’exposition aux vibrations mécaniques et l’apparition de certaines pathologies. C'est ce qu'explique Maël Amari, responsable de laboratoire à l'INRS, en charge de la prévention du risque vibratoire : mal de dos, hernie discale, fourmillements, arthrose du coude, syndrome du canal carpien, syndrome de Raynault, entre autres. Plus l’exposition est forte, plus le risque de développer une pathologie est important.

L'employeur a des obligations

L'employeur doit évaluer la dose journalière de vibrations reçues par le salarié, à partir de l’émission de la machine et du temps d’exposition. Si cette dose dépasse le seuil minimal fixé par le Code du travail, l’employeur a l’obligation de réduire l’exposition : changer de machines, acheter un siège à suspension, ou diminuer le temps passé sur l’outil. Mais si la dose dépasse le seuil maximal, l’exposition doit alors immédiatement cesser.

Toutes les semaines, l’INRS répond à des demandes d’assistances d’entreprises, indique Maël Amari, soit parce qu’elles veulent évaluer les risques, soit parce qu’elles constatent un dépassement des seuils. Avec certains modèles de marteau-piqueur ou de riveteuse, une exposition d’une heure ou deux suffit pour ne plus être dans les clous.

Nombreux secteurs concernés, sujet mal appréhendé

Selon l'INRS, 1,3 million de travailleurs sont exposés à des vibrations transmises à l’ensemble du corps. 2,6 millions à des vibrations transmises aux mains et aux bras. Notamment dans le BTP, l’agriculture, la métallurgie et plus généralement dans tous les secteurs qui utilisent des machines qui vibrent. Mais les pathologies restent mal identifiées. Sur 44.000 maladies professionnelles déclarées chaque année, 400 en moyenne le sont au titre des vibrations. C’est minuscule et cela résulte probablement d’une sous-déclaration, estime Maël Amari, certaines pathologies pouvant être comptabilisées au titre d’autres maladies professionnelles.

Dans le cadre des prochaines discussions pour aménager la réforme des retraites, la CFDT souhaite que plusieurs facteurs de pénibilité, dont les vibrations mécaniques, soient réintégrés dans le Compte professionnel de prévention (C2P), pour permettre des départs anticipés, à partir d’un certain seuil d’exposition. Une solution rejetée par le Medef, qui se dit néanmoins prêt à des aménagements sur le sujet.

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