Et si on s'encabanait ?

Séjourner dans des refuges pour se reconnecter à la nature et suspendre la course frénétique du temps. Et si à l’occasion du printemps naissant, on partait s’encabaner ? "Ce terme est québécois, explique Charline Gerbault. Et l’encabanement c’était l’idée de s’abriter sous une coque de bateau." Cette architecte a sillonné l’Hexagone pendant de longs mois pour explorer des cabanes en bois. Elle a publié Passion cabane, 100 lieux où s’encabaner en France (éditions Elytis).

"Ce que je recherchais dans les cabanes que j’avais listées, c’était le matériau, le bois, poursuit-elle. J’avais envie de sentir l’odeur de la sève, j’avais envie que ça crépite, même si on peut retrouver les poêles à bois un peu partout, mais là j’avais vraiment envie d’une symbiose et le fait d’être dans un bâti, qui soit fait avec des matériaux naturels qui nous ramènent plus à l’idée de la nature, du refuge. C'est une façon de se reconnecter à des choses qu’on a clairement laissées de côté en tant qu’urbain ou qu’on n'a jamais expérimentées."

Cabanes du Bois Basalte, en Auvergne

Parmi ses coups de cœur, les cabanes du Bois Basalte, à Manzat, dans le Puy-de-Dôme en Auvergne. Elles sont construites en bois brûlé. "Ce sont des cabanes qui ont une inspiration japonisante avec des pleins, des vides, de la transparence. Et ce sont vraiment de tout petits cocons, avec 2 typologies : l’Atite, qui est une cabane tout en hauteur où on ne peut dormir qu’à 2, et l'Olivine, qui est la version familiale où on peut loger jusqu’à 6. Cela dépend de la façon dont on décide de s’encabaner."

Et tout cela en plein cœur de la région des volcans. "C’est assez magique, j’ai deux expériences : la première de me réveiller avec une montgolfière au-dessus de nous qui faisait le tour des sommets volcaniques de l'Auvergne, la deuxième de me réveiller sous la neige dans cette région montagneuse qui n’est pas de la haute altitude mais qui est très vallonnée et permet de se sentir vraiment dépaysé." Comptez à partir de 89 euros la nuitée.

Cabanes de la Tour, dans l'Essone

Autre coup de cœur, les cabanes de la Tour, à Janville-sur-Juine dans l’Essonne, à une heure de Paris. Cap sur la forêt de Pocancy où, par un pont suspendu, on rejoint l’une des 2 cabanes à 8 mètres de haut. "C’est un domaine privé, Fanny a hérité de cette forêt de son père et a décidé de poursuivre l’exploitation de cabanes dont il avait rêvé. Donc il y en a 2. Elles sont en plein cœur d’une forêt très verte avec des roches. C’est assez fou, dans l’esprit c’est un peu comme à Fontainebleau. Y dormir seule a représenté une vraie expérience avec moi-même, avec les bruits de la forêt la nuit. Car on n'est pas à la cime des arbres mais en plein cœur des feuillages. J’y suis allée au printemps, c’était très vert, très doux et énormément de bruits d’oiseaux."

À l’intérieur c’est très rustique, il y a un point d’eau avec un jerrycan, donc il faut surveiller sa consommation. Et Fanny propose des paniers de vivres. "On ne vient pas cuisiner, on vient pour passer une nuit, lire, réfléchir, méditer et grignoter un bout sur la terrasse. C’était intrigant d’être confrontée à tous ces bruits de la forêt qu’on ignore. Et quand on se balade en journée, on a la sensation de déranger cette faune. C’était une drôle d’expérience." Comptez à partir de 120 euros la nuitée.

Cabanes à la ferme, dans la Sarthe

Troisième coup de cœur, la Parcel Ferme de Beaulieu, dans la Sarthe. "Le concept s’appelle Parcel Tiny House. Ça a été imaginé par une jeune femme qui s’appelle Géraldine. Elle avait envie de faire découvrir l’agriculture à nous les urbains, les citadins. L’idée est de proposer des Tiny Houses qui soient sur des terrains agricoles, ce qui permet d’avoir un complément de revenu pour les agriculteurs. Par exemple près d'une ferme de poules pondeuses élevées en liberté, ou en semi-liberté dans un hangar où elles viennent caqueter. On assiste à la production des œufs qu’on retrouve dans les assiettes."

Charline Gerbault précise que la Tiny House est un format cubique ou rectangulaire confortable avec les toilettes sèches. On peut y cuisiner, lire, manger, écrire. "C’est comme un petit appartement avec des baies vitrées qui donnent sur tous les champs environnants. Les fermiers qu’on a rencontrés sont plus qu’heureux de cette expérience, ça ramène du lien social, ça leur permet aussi de voyager, de découvrir d’autres modes de pensées et de comparer, de discuter, de dialoguer les uns avec les autres, donc ils sont ravis." Comptez 109 euros la nuitée.