Une exposition consacrée à Jacques Prévert, au musée de Montmartre

Né à Neuilly-sur-Seine, Prévert aurait eu 125 ans le 4 février prochain. Impossible de faire un inventaire "à la Prévert" sans évoquer sa poésie humaniste pleine de tendresse et de mélancolie qui délie encore joliment la langue de nos écoliers.

Prévert parle à tout le monde

Comme le souligne un visiteur de l'exposition : "Il a écrit des chansons, beaucoup de chansons." On a tous en tête Les Feuilles Mortes, texte immortalisé par Yves Montand. "Moi je connaissais juste ses poèmes, que j’ai beaucoup étudiés en classe de primaire, confie une lycéenne bruxelloise. Pour moi, c’était juste un poète. En fait, c’est une agréable surprise de me rendre compte qu’il était un intellectuel et artiste très engagé." Son camarade ajoute : "Il parle à tout le monde, il distribuait lui-même ses poèmes à l’entrée des usines pour les rendre accessibles."

En présentant "Jacques Prévert, le rêveur d’images", le musée de Montmartre dévoile des facettes plus intimes et confidentielles de l’écrivain qui vécut Cité Véron – juste au-dessus du Moulin Rouge dans le 18e arrondissement de la capitale. Il avait pour voisin Boris Vian. L’exposition revient aussi sur l’importance du surréalisme dans l’œuvre du poète, qui a inventé avec ses camarades Yves Tanguy et André Breton le fameux jeu du cadavre exquis.

Scénariste pour les plus grands cinéastes

Jusqu’en 1936, Prévert travaille avec la troupe de théâtre amateur communiste baptisée "Octobre". "Ils ne vont pas jouer dans des théâtres, explique la médiatrice Léa Grall. Ce sont des pièces qui se créent face à l’actualité, dans des usines en grève, dans des manifestations, devant des soupes populaires." Puis Prévert part vers le cinéma. Après Paris Express, film muet qu’il signe avec Pierre son frère réalisateur, il écrit les scénarios de films de renom : Les enfants du paradis, Les visiteurs du soir, ou Le quai des Brumes du réalisateur Marcel Carné.

Prévert écrivait la trame sur de grandes planches punaisées aux murs, et les illustrait avec toute sorte de dessins ! "Ce sont des témoignages vivants parce que sur certains d'entre eux, il y a encore des taches de café ou des trous de cigarettes." Le poète scénariste tenait également un agenda, avec une grande page pour chaque jour, illustrée là encore de ses dessins et croquis aux couleurs pétulantes. Réalisés aux feutres, ces derniers font leur apparition en 1963.

Collaborations multiples

On découvre aussi, dans l'exposition, que Prévert collaborait avec des sculpteurs, dont l’américain Calder, et avec des peintres : Miro, Chagall, Braque ou Picasso avec lequel il partage une grande amitié. Dans son premier recueil Parole publié en 1946, Prévert écrit le poème "La lanterne magique de Picasso".

Prévert s’adonnait aussi aux collages surréalistes. Sur l'un d'entre eux, apparaît le moulin rouge avec, devant, Jésus et le pape. "Je suis content de découvrir cette facette de Jacques Prévert, commente un visiteur. Ce qui m’a le plus fasciné, c’est le caractère irrévérencieux, toutes les œuvres anticléricales, c’est un homme engagé en plus d’être un artiste."

Autant de créations qui révèlent le génie de Prévert. Elles sont joliment mises en lumière dans l’exposition "Jacques Prévert, rêveur d’images", jusqu'au 16 février au Musée de Montmartre, à Paris.

EN PRATIQUE

12 rue Cortot, Paris (18è)

Jusqu'au 16 février 2025, ouvert tous les jours de 10h à 18h.

museedemontmartre.fr